Un Front ? Quel Front ?Le capitalisme n’est pas invincible…et l’union toujours un combat !

Publié le par CGT PHILIPS EGP DREUX


I- Mai 2007 la droite gagne contre toute logique

61% des français considèrent que le capitalisme est un système négatif et pourtant le fait historique est là : c’est dans un pays qui ne croit pas au capitalisme qu’un président issu d’une droite se disant décomplexée pour mieux assumer le fait d’être la plus réactionnaire de ces dernières décennies, a été élu…et aggrave les choses.

Devant cette contradiction, soit on se résigne en se disant que les français (à part moi bien sûr !) sont des veaux, soit on se dit que « l’avenir n’est pas chose faite et qu’il faille attendre » et qu’il faut agir pour l’avènement d’un autre système.

Au moment où d’Alain Minc à Jacques Attali, de Challenges au Nouvel Observateur, nombre de commentateurs sont obligés de faire appel à Marx pour comprendre la crise, on ne va pas nous même chercher ailleurs les fondamentaux du changement.

-  A la loi de la jungle capitalistique, nous opposons la solidarité comme socle de construction de toute société.
-  Au droit de propriété pour quelques uns, nous opposons la mise en commun de la terre et de ses richesses, la propriété collective.
-  A la répression grandissante de celles et ceux qui prônent les valeurs de justice, nous opposons le droit à l’expression, la liberté de penser.

Toutes valeurs que l’on pourrait résumer en 3 mots (tant galvaudés) : liberté, égalité, fraternité ou en un seul le communisme.

II- Une gauche condamnée à l’impuissance ?

Oui mais comment y arriver ? Dans cette période de crise où les communistes devraient avoir devant eux un « boulevard politique » ce n’est pas à cela que nous assistons.

Parmi les 61% déjà cités, les communistes au sens de celles et ceux qui se réclament de ce courant de pensée, combien sont ils ? Nul ne le sait d’autant que le mouvement communiste de France, tel un pantin désarticulé est dispersé.
L’autre fait historique est d’ailleurs là.
Ce n’est pas la faiblesse des scores électoraux du PCF qui marque le temps présent mais le fait que les communistes sont dispersés au point qu’il est courant (et juste) d’entendre dire qu’ils sont moins nombreux à l’intérieur du parti qu’à l’extérieur de celui-ci. Que ces derniers soient regroupés dans de multiples petits groupes ou tout simplement isolés…et sur le côté du combat collectif.

Cette dispersion a deux conséquences
1. La pensée communiste est quasi absente du débat politique, ce qui entraîne la dérive idéologique de toute une société face au rouleau compresseur de la pensée unique capitaliste.
2. La part la plus exploitée de la classe ouvrière, les chômeurs, les précaires, les immigré-e-s et leurs enfants, les habitant-e-s des quartiers populaires, parce qu’elle n’a plus de parti dans lequel elle puisse se reconnaitre et qu’elle pourrait enrichir de son vécu, est absente du débat – et du combat – politique, témoins les derniers scrutins électoraux à l’exception notable du référendum sur la constitution européenne qui a marqué l’expression d’un vote de classe.

Ce n’est d’ailleurs pas le moindre des paradoxes que les vainqueurs du NON n’aient pas tiré toutes les leçons de ce référendum et notamment deux enseignements :
1. Il y a une ligne de fracture politique nette entre les partisans du NON et ceux du OUI : cela aurait du avoir des conséquences immédiates sur les alliances politiques qui ont suivi le 29 mai 2005.
2. A l’intérieur du camp du NON, il y a une ligne de partage entre celles et ceux qui pensent que « l’Europe sociale » (en fait ils entendent par là l’Union Européenne sociale) est possible et celles et ceux qui pensent que l’UE est une puissance impérialiste en construction que l’on ne peut réaménager dans l’état des textes et du rapport de force actuels à l’intérieur des 27 pays signataires des différents traités..

Pour nous, à Rouges Vifs 13, les communistes devraient se situer dans cette dernière catégorie où l’on retrouve nombre de celles et ceux qui ont refusé de voter au dernier scrutin européen.

III- Une gauche crédible et capable de victoires.

Bien sûr les communistes – même rassemblés – représentent certainement moins de 50% de la population et de ce fait pour gagner face au capitalisme l’alliance est une nécessité. Ce n’est d’ailleurs pas une nouveauté et dans son histoire le PCF, même à plus de 20% des suffrages, l’a maintes fois intégrée dans sa réflexion.

Au vu de ce qui précède la question d’un front populaire de notre temps est posée d’une façon nouvelle depuis 2005 et nous ne sommes pas les derniers à le dire ni les seuls [1]. Mais pour que celui-ci ait des chances de victoire il y a trois conditions à remplir :
1. Qu’il prenne en compte la ligne de rupture entre partisans du NON et partisans du OUI.
2. Qu’il ait pour fondement la réponse aux besoins et non des calculs électoraux.
3. Que ce front prenne en compte la diversité des courants de pensée le constituant et ne cherche pas à se substituer à eux.

III- 1- La ligne de rupture

Comment prétendre vouloir avancer vers le socialisme dans le carcan actuel de l’UE et des instances internationales qui organisent le capitalisme mondial ?

-  Comment lutter contre le pouvoir des multinationales sans nationalisations [2] dans une UE qui est intervenue pour empêcher que l’Etat entre dans le capital d’Alsthom et casse systématiquement toute idée de nation souveraine [3] ?

-  Comment être crédible quand on prétend vouloir changer le monde en s’unissant avec un PS qui préside aux destinées de l’OMC et du FMI et qui a toujours été pour le retour de la France dans l’OTAN ?

Il faut le dire clairement, vouloir construire le socialisme en France est incompatible avec les principes qui régissent l’UE et les institutions mondiales. Toute union qui n’annonce pas nettement la couleur ne sera pas crédible et donnera le sentiment d’être mue par la tambouille politicienne.
Autre chose est que dans des combats plus larges, voire dans un deuxième tour d’élections des alliances circonstancielles se fassent jour pour faire barrage au pire.

III- 2- Etre utile aux gens

Pour que celles et ceux qui souffrent le plus des ravages du capitalisme prennent la tête de ce front, il faut que celui-ci leur apparaisse utile car nul ne se mobilise pour l’improbable.

La gauche dirige nombre de régions et de départements.
Peut-on réellement parler de différence notable entre une gestion locale « de gauche » et une « gestion locale de droite » ?

A cette question il faut rajouter celle de notre impuissance à arrêter des mauvais coups que pourtant l’on dénonce. Combien d’entreprises ferment elles malgré nos manifs et coups de gueule sans doute trop mal coordonnés par un rassemblement de forces vives syndicales, associatives, politiques, une sorte de « LKP métropolitain » encore inexistant [4] ? LKP qui ne substituerait pas aux organisations syndicales mais appuierait de toutes ses forces leur combat.

III-3- Un front n’est pas une organisation

Un front n’est pas une organisation, mais l’union de plusieurs pour un objectif commun. Celles et ceux qui voient dans le front de gauche actuel la possibilité de construire un nouveau parti se substituant entre autres à l’ancien PCF « qui n’aurait aucun avenir » [5] feraient bien d’y réfléchir à deux fois. Ceux qui pariaient sur la déliquescence, l’implosion et pour finir sur la mort du PCF pour faire émerger leur propre force sont bien obligés de constater qu’il n’y a pas eu transfert d’adhérents ou d’électeurs, mais qu’au contraire la dispersion des communistes a coïncidé avec la dispersion de celles et ceux qui cherchent à gauche [6].

La LCR, pour avoir négligé la force, l’expérience et la réflexion de groupes préexistants au NPA, semble plus dans un processus de construction autour d’elle – et donc limité – que dans celui d’un véritable rassemblement. La cohérence idéologique en moins…et les déceptions en plus.

Mais aussi et surtout de ces débats sur le rassemblement à gauche ne peuvent être absents les premiers concernés, les plus exploités. Force est pourtant de constater que c’est actuellement le cas. Contrairement à ce qu’écrit Strauss Kahn, ceux dont il faut tenir compte c’est d’abord de ceux là et non des seules classes moyennes en raison du fait qu’elles seraient les seules à voter [7] !

IV- La responsabilité des communistes

Au sein de ce front les communistes ont des responsabilités particulières de part leur histoire et leur enracinement. Un front peut s’enrichir de la réflexion collective de communistes dans leur diversité s’ils sont en prise directe avec la classe ouvrière de notre temps.

Pour ne prendre que deux exemples dans l’actualité récente :
-  Une organisation des Communistes de France ne devrait-elle pas mener une campagne nationale, s’appuyant quotidiennement sur le journal l’Humanité, pour le retrait des troupes françaises d’Afghanistan ?
-  Au sujet de la taxe carbone une organisation des Communistes de France ne devrait elle pas mener bataille pour que les bailleurs, publics ou privés soient obligés par la loi à rendre leurs logements écologiquement exemplaires ? Ne devrait-elle pas faire pétitionner dans tout le pays pour la suppression du droit à polluer ?

Une telle perspective impose aux communistes de se rassembler sans exclusive. Ce qui nous rassemblera durablement et porte en son sein les germes d’avenir ce n’est pas la question de l’appartenance ou non au PCF, mais les combats communs sur des bases de classe et l’approfondissement collectifs de repères aujourd’hui brouillés. Il existe au sein du PCF une opposition à la ligne réformatrice. Elle est indispensable à Communistes de France, comme est indispensable à celle-ci l’apport des communistes dispersés.

Si l’on veut être crédibles et efficaces cela doit se traduire en termes d’organisation et d’action.

Ce fut le sens de l’appel de Vénissieux qui a présidé à la création de Communistes de France, il est toujours d’actualité.

par Charles Hoareau

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