49èmé congrès de la CGT:Un congrès de la CGT sans grand risque pour Thibault malgré des oppositions

Le secrétaire général, en fonction depuis dix ans, donnera le ton de cette réunion triennale lundi, dans un discours d'une heure où il devrait s'attacher à défendre sa stratégie de compromis et à convaincre de "l'urgente nécessité", selon lui, de remédier à la sclérose de l'organisation interne menaçant l'avenir même de la confédération.
M. Thibault s'attend à des résistances, dont le vote sur le rapport d'activité, lundi, situera l'importance. Mais un appel circule à ne pas "museler le débat en donnant l'illusion d'un pseudo-consensus sur des orientations floues".
Une offensive de grande ampleur semble exclue. En outre, "les oppositions sont hétérogènes", souligne Sophie Béroud, chercheuse en sciences politiques.
Même ceux qui sont dans un soutien critique à Bernard Thibault qualifient d'"ultra-minoritaire" le courant d'opposition "Front syndical de classe" formé derrière un responsable du Nord, Jean-Pierre Delannoy, dont la candidature face au secrétaire général n'est que symbolique, faute de satisfaire aux exigences statutaires.
Toutefois, cette opposition, bruyante à l'intérieur de la CGT, "perturbe le corps militant", assure un ex-cadre CGT, Jean-Dominique Simonpoli.
Selon le chercheur Jean-Marie Pernot, "il y a un doute, un malaise un peu général sur l'orientation".
Pour Bernard Thibault, "la puissance de la CGT doit être mise à profit pour accrocher des avancées sociales, même partielles". Ses adversaires soulignent que la CGT n'a pu empêcher une "régression sociale sans précédent" depuis 2007.
Pour preuve de l'efficacité de sa stratégie, le secrétaire général met en exergue la performance (33,8%) des élections prud'homales de fin 2008, où la CGT, après une érosion régulière, a de nouveau creusé l'écart avec ses poursuivants.
Afin de conforter le succès de cette orientation, le numéro un compte sur la refonte des règles de la négociation sociale en 2008, qui renforce l'influence des syndicats les plus importants.
L'unité intersyndicale sera aussi sur la sellette, les syndicats n'ayant pu trouver de débouchés aux manifestations massives du premier semestre. M. Thibault propose, lui, de persévérer.
Les conflits sociaux durs du printemps ont aussi révélé l'impatience d'une petite partie des troupes à l'égard des états-majors, exprimée brutalement par Xavier Mathieu, leader CGT de Continental-Clairoix, traitant Bernard Thibault de "racaille".
"Il faut qu'enfin nous traitions cette question du rapport de la base avec la direction confédérale, parce que tout le monde se la pose", affirme Daniel Sanchez, membre du Bureau confédéral.
Pour Bernard Thibault, les vrais défis sont ailleurs. "Nous n'avons ni les forces organisées, ni une organisation de la CGT nous permettant d'atteindre nos objectifs revendicatifs principaux", s'alarmait-il en février.
L'implantation de la CGT - et du syndicalisme en général - ne lui permet de toucher "qu'un peu plus du quart des salariés", selon un rapport interne. Avec quelque 650.000 adhérents, les effectifs stagnent, loin du million visé en 2003.
La direction propose de revaloriser le rôle des syndicats territoriaux plutôt que des syndicats d'entreprise, une idée loin de faire l'unanimité. Elle veut aussi décloisonner les fédérations, qui pratiquent "une gestion patrimoniale" au détriment de l'efficacité, selon M. Pernot.
Par Thierry MASURE PARIS (AFP)
Au congrès de la CGT, Thibault veut poursuivre la mutation de son syndicat
La CGT réunit son congrès lundi à Nantes, où Bernard Thibault va tenter, malgré de vives résistances prévisibles, d'enraciner sa stratégie de compromis et de remédier à la sclérose d'une organisation interne menaçant l'avenir même de la confédération.
Pour la première fois depuis qu'il est secrétaire général (1999), Bernard Thibault et sa ligne politique sont ouvertement contestés par un collectif de communistes orthodoxes et militants d'extrême gauche - "où va la CGT ?" - formé derrière un responsable du Nord, Jean-Pierre Delannoy, symboliquement candidat face au numéro un.
Malgré de faibles soutiens à en juger par la participation à ses réunions, cette opposition organisée, défenseur d'"un syndicalisme de classe", "perturbe le corps militant", assure un ex-cadre CGT, Jean-Dominique Simonpoli.
Au-delà de cet abcès de fixation, "il y a un doute, un malaise un peu général sur l'orientation", affirme le chercheur Jean-Marie Pernot.
Bernard Thibault revendique ouvertement une stratégie de "compromis". "La puissance de la CGT doit être mise à profit pour accrocher des avancées sociales, même partielles", estime-t-il.
Il en veut pour preuve la performance (33,8%) des élections prud'homales de fin 2008, où la CGT, après une érosion régulière, a de nouveau creusé l'écart avec ses poursuivants.
Le numéro un est aussi parvenu à obtenir, en 2008, une refonte totale des règles du jeu social: finis les accords patronaux signés avec des syndicats minoritaires et ayant pour effet de marginaliser la CGT.
Mais la crise économique complique sa tâche, selon Sophie Béroud, chercheuse en sciences politiques, car en cette période, "obtenir des avancées même partielles est une difficulté majeure".
La recherche de l'unité intersyndicale, chère à la direction, - a trouvé cet automne ses limites : les syndicats n'ont pu trouver de débouchés aux manifestations massives du premier semestre. En outre, les convergences parfois affichées avec la CFDT "brouillent un peu l'image de la CGT", selon un membre influent de la direction.
Les conflits sociaux durs du printemps ont aussi révélé l'impatience d'une petite partie des troupes à l'égard des états-majors syndicaux, exprimée de manière brutale par Xavier Mathieu, leader CGT de Continental-Clairoix, traitant Bernard Thibault de "racaille".
"Il faut qu'enfin nous traitions cette question du rapport de la base avec la direction confédérale, parce que tout le monde se la pose", a affirmé Daniel Sanchez, membre du Bureau confédéral.
Pour Bernard Thibault, les vrais défis sont ailleurs. "Nous n'avons ni les forces organisées, ni une organisation de la CGT nous permettant d'atteindre nos objectifs revendicatifs principaux", s'alarmait-il en février.
L'implantation de la CGT - et du syndicalisme en général - ne lui permet de toucher "qu'un peu plus du quart des salariés", selon un rapport interne. Avec quelque 650.000 adhérents, les effectifs stagnent, loin du million affiché comme objectif en 2003. Sortir de cet "échec" occupera "une place centrale au congrès", espère le secrétaire général.
Deuxième défi, tenter de mettre de l'ordre dans une maison dont "les statuts sont hérités de l'anarcho-syndicalisme: chacun est maître chez soi", selon Sophie Béroud: syndicats de base, unions locales, départementales, fédérations professionnelles.
Si ce cloisonnement, responsable d'un "décalage croissant" avec la réalité vécue par les salariés, perdurait, la CGT serait "promise à la mort lente", selon M. Pernot.
La direction propose notamment comme solution de revaloriser le rôle des syndicats territoriaux plutôt que des syndicats d'entreprise, une idée loin de faire l'unanimité.
Par Thierry MASURE PARIS (AFP)