Alstom veut supprimer 4.000 postes dans l'énergie
Sept ans après son plan de sauvetage, qui avait entraîné plus de 10.000 suppressions de postes et plusieurs cessions d'actifs, Alstom renoue avec l'austérité. L'industriel français a annoncé hier son intention de supprimer 4.000 postes d'ici au mois de mars 2012 dans sa division Power, qui fabrique des turbines électriques. Le groupe de 96.000 salariés avait reconnu cet été travailler sur un programme d'économies, après s'être longtemps déclaré protégé de la crise grâce à son modèle économique. Seulement voilà, si l'activité frémit dans certains secteurs, la reprise des commandes des clients électriciens européens et américains se fait attendre.
« J'avais dit que le carnet de commandes nous donnait de la visibilité et que si le marché ne repartait pas, nous aurions besoin de nous ajuster », déclare Patrick Kron, le PDG. Or en 2009, la consommation électrique mondiale a baissé pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale. Depuis, la hausse de la consommation n'est franche que dans les pays émergents, ce qui pousse les électriciens occidentaux à repousser leurs investissements. Au premier trimestre, les prises de commandes ont chuté de 35 %… « Nous avons donc des surcapacités dans nos activités de nouvelles centrales au charbon et au gaz, constate Patrick Kron. Il fallait nous ajuster. »
La France est globalement préservée
L'année dernière, le groupe avait déjà réduit ses effectifs mondiaux de 5.000 postes, soit 6 % des effectifs de l'époque, mais de façon discrète, via le non-renouvellement de contrats temporaires et le non-remplacement de départs naturels. Cette fois-ci, 4.000 postes sur les 49.000 que compte la division Power seront supprimés. La France est largement préservée, sans être épargnée, tandis que l'Allemagne, la Suisse et les Etats-Unis sont les plus affectés.
« Malheureusement, ce sont les pays européens qui sont à l'origine d'Alstom qui vont subir les effets de la mondialisation quand le groupe s'implante dans les pays à bas coûts, où le marché est là », regrette Robert Bolle-Reddat, représentant CFDT au forum européen du groupe. Il attend les informations précises qui seront présentées aux représentants du personnel le 18 octobre, mais s'inquiète déjà d'un possible effet de contagion aux autres activités d'Alstom. Dans le ferroviaire, le groupe vient de perdre un appel d'offres en Italie. Quant à Alstom Grid, la filiale d'équipement de réseaux électriques rachetée cette année à Areva, elle subit de plein fouet la concurrence asiatique… « Ce plan concerne Power, tranche Patrick Kron. S'il y a des problèmes ailleurs, on verra. »
Selon un analyste financier, le groupe peut économiser entre 200 et 250 millions d'euros par le biais de ces mesures. « Le plan suffira s'il n'y a pas de baisse des prix, mais si la pression concurrentielle s'amplifie, il ne suffira pas pour protéger les marges », selon lui. Les investisseurs sont sceptiques. Hier, le titre a cédé 1,7 %. Depuis le début de l'année, il a perdu près de 26 %, tandis que celui de son rival Siemens progressait de 18 %. Le groupe allemand s'est séparé de 12.600 postes administratifs sur le dernier exercice.