AMIENS Des Dunlop condamnés en référé

Publié le par CGT PHILIPS EGP DREUX

Les pneux ont continué à brûler devant l'usine Dunlop.

Les pneux ont continué à brûler devant l'usine Dunlop.

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Dix salariés grévistes et syndiqués de Dunlop ont été condamnés à 1 000 € d'astreinte par jour, s'ils ne laissaient pas la voie libre aux camions. Tous ont décidé de faire appel.

Une procédure de référé au déjeuner. Dix salariés de Dunlop, certains syndiqués Sud, d'autres anciens délégués syndicaux FO, CGT et Unsa, ont été assignés devant le tribunal hier après-midi, après avoir reçu la convocation le matin même. Motif ? Dégradations volontaires et accès de l'usine bloqué aux camions, les 28, 29 et 30 octobre : « Cela rend quasi impossible l'accès au travail pour la majorité des ouvriers, qui doivent faire face aux insultes, aux intimidations et aux agressions. De plus, il y a eu pénétration illégale dans l'usine et dégradations notables », assure un communiqué de la direction.

Une heure après la signification de l'ordonnance de référé, les Dunlop doivent payer une astreinte de 1 000 € par jour et par infraction constatée. Les dix salariés tombent des nues. « Il y a le droit de grève, mais il y a aussi le droit de travailler. On n'interdit à personne de rentrer. Mais ceux qui rentrent dans l'usine sont les intérimaires et les chefs d'équipe. Pas nous. Pour les camions, ce sont les flics qui bloquent les routes d'accès », plaident-ils.

Ils réfutent les dégradations. « Ça a été fait pendant la nuit et aucun de nous n'est présent la nuit, puisqu'on débraye équipe par équipe », assure Wilfried Lebeau, de Sud-chimie, avant de lâcher : « Ils n'ont pas de preuves. » Mais un constat d'huissier témoigne de la présence des condamnés à des jours et heures précis. « Moi je n'étais pas là », certifient certains ; « C'est quand même un piquet de grève, on a le droit, non ? » interpellent d'autres. Tous dénoncent le caractère arbitraire du procédé : dix noms pris dans la masse.

«On nous a dit qu'il y avait un recours»

La rapidité de la procédure de référé d'heure à heure n'a laissé qu'une demi-heure à leur avocate, Me Annie Miellé, pour préparer le dossier. Pas le temps, donc, d'approfondir les arguments. La sentence passe d'autant plus mal que le matin même, une réunion était prévue à l'inspection du travail. « On nous a dit qu'il y avait un recours, mais on ne nous a pas dit qui », enragent-ils.

Au cours de l'entrevue, toujours rien de concret. « La direction se moque du monde, c'est du n'importe quoi », grogne-t-on à la CFTC, malgré la médiation appréciée de Michel Liné, de l'inspection du travail. Seule une prime de vacances de 100 à 250 € a été actée.
« Les gens se foutent de l'argent, ce qu'ils veulent, c'est du temps de repos. On a eu sept réunions d'information depuis début octobre, aucune amélioration n'en est sortie », estime-t-on du côté de chez Sud.

Sur les dix salariés condamnés, tous feront appel. Un appel qui n'est pas suspensif. Un huissier a été appelé pour constater la reprise de la circulation. Si les Dunlop ont dégagé la voie, ils n'arrêtent pas le mouvement.

JULIE RONSIN

Publié dans Boites en luttes

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