AMIENS Goodyear : la grève contre l'entretien disciplinaire
Maître Fiodor Rilov et Mickaël devant de droite à gauche
au fond Manu Cgt Philips dreux et
des membres du NPA pour une tendance révolutionnaire
Hier matin, environ 400 salariés se sont rassemblés sur le parking de Goodyear. Un soutien à Mickaël Wamen, secrétaire CGT, convoqué en entretien disciplinaire. Il aurait insulté le responsable des ressources humaines.
Une victoire pour la CGT dans son bras de fer avec la direction Goodyear. Voilà comment les salariés, présents en masse hier matin sur le parking de l'usine, analysaient leur mouvement qui a paralysé la production. Pour eux, cela ne fait aucun doute, la direction accentue la pression sur les leaders syndicaux CGT.
Hier matin, environ 400 salariés (sur 1 200) se sont donc rassemblés pour soutenir Mickaël Wamen, secrétaire CGT. Il était convoqué au même moment par la direction à un entretien disciplinaire.
Les charges ? Des insultes qu'il aurait adressées au directeur des ressources humaines. Les preuves ? La parole de ce même directeur, appuyée par des témoignages.
Ce qui amuse, ou plutôt agace, l'intéressé. « Ils n'ont pas été capables de me les montrer ! » Lance Mickaël Wamen. En revanche, lui avait sous le bras une série de lettres de salariés balayant les accusations.
Cette convocation a surtout été vécue par les grévistes comme un test. « Celui de voir si nous sommes toujours mobilisés. Ils ont leur réponse ! » Du coup l'usine a fermé ses barrières. « Nous n'avons jamais appelé au blocage. La direction a fermé l'accès », insistent les représentants CGT.
Les salariés mobilisés témoignaient aussi d'un combat dépassant le seul cas de leur collègue. En plus de vouloir tester la capacité de mobilisation, la direction est ainsi accusée de provoquer la casse : « Comme les Conti qui ont pété le local d'entrée (NDLR : à Clairoix, dans l'Oise). Comme ça, ils pourraient dire qu'il y a de gros problèmes de sécurité. »
Présent sur place, l'avocat de la CGT, maître Fiodor Rilov, s'est adressé aux employés. Il est revenu sur la stratégie juridique adoptée, « afin d'obtenir des informations sur l'avenir du site. »
Auprès du « Courrier picard », il a fait le lien entre la convocation de Mickaël Wamen et le contexte économique de l'entreprise. « Nous avons mis en échec la totalité du projet de restructuration. Il s'agit là de démanteler le site sans le dire, de rendre le travail insupportable, de décourager les salariés. »
Au début de l'année, saisie par la CGT et le comité central de Goodyear, la justice a conditionné fortement un plan prévoyant la suppression de l'activité « tourisme » (817 emplois) et la cession de l'agraire (sur lequel le groupe Titan s'est positionné). Une médiation a aussi été demandée, un médiateur nommé.
En juillet, la direction a proposé un plan incluant des formations et une prime de départ volontaire de 30 000 €. Les négociations devaient reprendre ce mois-ci.
DAVID VANDEVOORDE (Courrier Picard)