Communiqué de la CGT Pôle emploi
Vous trouverez en piéce jointe un communiqué de la CGT Pôle emploi en guise de réponse au discours prononcé par le Président de la République à l'aoccasion de la convention des managers du 23 novembre 2009
Convention nationale des managers de Pôle emploi
Le Président de la République était l’invité surprise de la Convention des managers qui s’est tenue le 23 novembre 2009. Ses propos ont été, eux, sans surprise.
Au delà des remerciements qu’il a adressés à son auditoire (ce qui ne lui coûte pas cher et ne correspond pas forcément à l’attente des agents, encadrement compris), après s’être déclaré impressionné par ce qui a déjà été fait à Pôle emploi, il a embrayé sur les raisons de fond de son discours : « Je n’ai pas de remords d’avoir fait cette réforme ».
Contrairement à ce qu’il affirme : « À Pôle emploi, le dialogue social est apaisé », sa présence même à cette Convention démontre que le « souci du dialogue social » est loin de caractériser la politique mise en place en son nom dans cette « administration ».
C’est en réalité l’argument d’autorité qui est la règle : « Les objectifs ne varieront pas… Sous réserve des référés, il y aura des guichets uniques partout d’ici à la fin de l’année ». Il était là pour marteler un message qui a véritablement du mal à passer, sans même dire un mot sur les graves difficultés que génère la mise en place des sites mixtes.
De toute évidence, la forte mobilisation du personnel (encadrement compris) le 20 octobre 2009 a impressionné la direction et le pouvoir politique. Est-ce la raison pour laquelle il semble revoir à la baisse en ne parlant que de « guichets uniques » et non pas de « sites mixtes » ?
L’appel aux managers est tout à fait clair. La « nouvelle culture du management » dans « le pilotage des équipes » doit s’appuyer sur une conception selon laquelle « le dialogue social est le moyen d’atteindre les objectifs… Nous ne vous les imposons pas pour le plaisir ». Ces objectifs imposés ne sont pas négociables, cela a bien été réaffirmé.
En fait, tout le monde doit être au service d’une politique publique de l’emploi caractérisée principalement par :
- l’accompagnement des licenciements collectifs (CRP/CTP) ;
- la prolongation de la mesure « zéro charge » qui finance des embauches (« tant pis si cela ouvre la voie à des effets d’aubaine ») au détriment de la protection sociale ;
- l’apologie des « activités partielles ». Pour le Président de la République il ne faudrait plus parler de « chômage partiel », mais « d’activités partielles » qu’il faudrait mettre à profit, en attendant une hypothétique formation à temps plein, pour trouver la possibilité de se former sur son temps personnel. Pour le Chef de l’État, c’est très clair : « mieux vaut avoir une activité (et non un travail) à temps partiel que rester à la maison à tourner en rond ».
Le cœur même de son intervention se trouve là : mettre en place l’outil nécessaire à la « Sécurité sociale professionnelle » qui fait voler en éclats les garanties collectives des salariés (le CDI, le temps-plein, la formation professionnelle sur le temps de travail) et qui fait planer en permanence sur les chômeurs la menace des sanctions prévues au nom de l’Offre –dite- raisonnable d’emploi (l’ORE). Les privés d‘emploi ont tout à craindre des injonctions de la direction générale qui ne vont pas manquer de tomber pour radier à tour de bras en cas de « refus d’activité ». D’ailleurs il justifie les sanctions que nous devrions appliquer aux demandeurs d’emploi par le fait que nous ayons nous même subis des bouleversements professionnels importants : « puisque vous avez été capables de vous adapter, vous êtes les mieux placés pour savoir ce qui est bon pour les demandeurs d’emploi »… Du coup, les collègues se retrouveront eux aussi en difficulté en devant assumer l’image de « celui/celle qui radie ».
Et pour mieux convaincre que la précarité généralisée est, à ses yeux, la marque incontestable de la modernité dans ce « 21ème siècle » il balaie d’un revers de la main les principales caractéristiques du service public :
- nous avons recours aux opérateurs privés de placement (OPP) parce que « public ou privé ce n’est pas la question ». En d’autres termes, l’objectif poursuivi avec la création de Pôle emploi c’est la mise en place progressive d’un de ces « Service d’Intérêt Général (SIG) » grâce auxquels l’Union européenne veut ouvrir la porte à la privatisation de toutes les activités potentiellement rentables, ici le « marché du travail » ;
- il peut y avoir de « nouveaux renforts d’effectifs ; mais il ne s’agira pas de renforts définitifs ». La garantie de l’emploi pour les agents de Pôle emploi n’entre pas dans les objectifs du Président de la République ;
- une CCN, pour des recrutements sous contrat de droit privé. La pseudo « Administration » que prône le chef de l’État se construit sur les ruines de la conception française qui fonde la Fonction publique : à missions publiques, statut public pour les personnels.
Pour la CGT Pôle emploi il est fondamental de refuser de céder à ces injonctions.
Que nous appartenions ou non à l’encadrement, nous n’avons aucune obligation d’allégeance aux objectifs du pouvoir politique.
Il est urgent de défendre une conception des missions et des moyens du service public tournée vers la réponse aux attentes exprimées par les usagers.
Il est urgent de faire entendre la voix et les revendications des agents de Pôle emploi.
Paris, le 24 novembre 2009