Coup de sang chez Ardam

Publié le par CGT PHILIPS EGP DREUX

Le 26 novembre dernier, les employés avaient fait part de leurs inquiétudes lors d'un meeting suivi d'une heure de grève. Cette fois, c'est la colère qui s'exprime. Le déclencheur : des lave-linge offerts aux cadres (en médaillon).

REVIN (ARDENNES). Ulcérés, les ouvriers ont stoppé hier la production. En cause : une maladresse de la direction, qui a… offert des lave-linge à ses cadres. Les syndicats crient à l'injustice.  

«C'EST la goutte d'eau qui fait déborder le vase. » Plusieurs syndicalistes d'Ardam-Electrolux ont eu cette expression pour qualifier la cause du débrayage d'hier.
Il est 7 heures ce jeudi lorsque les ouvriers découvrent, entreposée sur les lignes de montage, une quinzaine de machines à laver neuves. Sur chacune, est écrit le nom du cadre à qui elle est destinée. Ce sont des modèles à tester, mais la plupart resteront chez les bénéficiaires…
Les employés éberlués voient rouge. Ils savent, comme Lysian Fagis (CFDT) nous l'a dit, que « chaque fin d'année, les cadres reçoivent ce genre de cadeau. Mais d'habitude, c'est fait en catimini. Bref, dans le contexte actuel, s'il y avait une maladresse à faire, c'est bien celle-là ! »
La direction prise d'assaut
La direction s'en rend compte et, dixit un autre délégué CFDT, « se dépêche alors de dissimuler les machines au sous-sol »…
Ce jeu de cache-cache ne calme pas les esprits. Bien au contraire, les ouvriers, loin de toutes consignes syndicales, lancent vers 9 h 30 un mouvement de grève spontané. La production est stoppée net.
N'ayant pas de nouvelles de leur direction, ils passent ensuite au plan B : vers 11 h 30, très remontés, ils tentent de prendre d'assaut le bureau de Régis Chainot, le directeur de l'usine.
Trop de « privilèges »
Les cadres de direction se mettent en travers de leur route et tentent de calmer le jeu. Ils reculent, mais cela ne change rien à leur détermination, pas plus que la réunion entre la direction et les représentants du personnel qui se tient peu après.
La direction refusant d'envisager que les « modèles tests » puissent être confiés aux ouvriers, ceux-ci décident même d'étendre le débrayage à toute la journée.
« C'est une erreur grossière de la direction et les gars sont vraiment énervés, indiquait hier Emilian Koziol (CFDT). Car cela vient après plusieurs autres privilèges très mal perçus. Par exemple, depuis une dizaine de jours, les meilleures places de stationnement sont réservées aux cadres. On remarque aussi qu'ils disposent de voitures de fonction chaque année plus belles. Tout cela, les ouvriers le voient bien ! Pendant ce temps, eux n'ont eu aucune augmentation de salaire en 2009… »
Cette année aura en tous les cas été agitée chez Ardam-Electrolux. Avec cette nouvelle grève, le fossé va grandissant entre la base et la direction. Noël n'aura pas échappé aux revendications, et pour cause, puisque les ouvriers estiment que le père Noël les a oubliés.
La fermeture de l'usine pour deux semaines va permettre de souffler.
Régis Chainot, qui à l'occasion de ses vœux vendredi dernier, avait brossé un tableau idyllique de l'usine, doit toutefois se préparer, selon la CFDT, à voir « les syndicats mobilisés comme jamais en 2010 ».

Guillaume

LÉVY
Source : L'UNION
Blog Jacques Tourtaux

Publié dans Boites en luttes

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article