Crépy-en-Valois : réunion de la dernière chance pour les Sodimatex
- «J'ai peur pour eux, j'ai peur aussi pour notre ville», a déclaré le maire UMP de la ville Arnaud Foubert, espérant «qu'il n'y ait pas d'acte désespéré qui soit engagé». De son côté, le ministre de l'Industrie Christian Estrosi a condamné «l'attitude inacceptable d'une minorité», appelant l'ensemble des parties à une autre réunion de conciliation mardi prochain.
La tension est montée d'un cran
Dans la matinée, la tension était brutalement montée, vers 10 heures, vendredi, sur le site de l'usine de moquettes pour automobiles, lorsque les salariés qui occupent les lieux depuis jeudi soir ont appris le report en soirée de cette réunion tant espérée. Finalement, alors que les esprits commençaient à s'échauffer, (des cocktails molotov étaient disposés aux abords de la citerne) la tenue de cette réunion a été confirmée pour 12 h 30.
Depuis jeudi, une quarantaine de salariés se sont retranchés dans l'enceinte de l'usine et menacent de faire sauter une citerne de gaz pour réclamer un meilleur plan social après la fermeture programmée de leur entreprise. En tout début de journée vendredi, ils ont même installé une petite bonbonne de gaz agrémentée d'un dispositif incendiaire, sur le toit du bâtiment, à l'aplomb de la grosse citerne de gaz, elle-même entourée de palettes prêtes à être enflammées. Au plus fort de la tension, ils ont même incendié une benne à ordures très proche des locaux, menacant de déclencher à distance l'explosion de la citerne et déployant des draps et des rouleaux de moquette pour empêcher les forces de l'ordre d'observer leurs mouvements. Les pompiers, protégés par les gardes mobiles, sont intervenus pour circonscrire l'incendie.
Vidéo. Le désespoir des salariés
«On n'est pas des voyous»
Jeudi soir, les Sodimatex avaient installé des palettes autour de la citerne de gaz extérieure qui sert à alimenter leurs charriots élévateurs, prêts à y mettre le feu. En désespoir de cause, cette citerne est devenue leur dernier moyen de pression pour obtenir un plan social digne de ce nom. «On n'est pas des voyous, on est des êtres humains. Fatigués, dépités, déprimés mais toujours motivés», lançait François Heindryckx, 42 ans, dont 21 chez Sodimatex. Avec ses collègues, il repassait le film de cette journée de jeudi qui devait être «une petite grève symbolique» et s'est terminée en camp retranché.
Mardi, «on nous a envoyé un conciliateur qui a proposé une prime de 15 000 euros», expliquait son collègue Fabrice Bel, 32 ans dont 10 ans de maison. Pour les ouvriers de Crépy, pas question de partir avec moins que leurs collègues d'une autre usine Sodimatex, liquidée en 2006, qui avaient obtenu 21 000 euros en plus des indemnités légales.
«Ils ont envoyé les gendarmes mobiles»
«Ce qui a déclenché tout le bordel, c'est quand ils ont envoyé les gendarmes mobiles», lancait Fabrice Bel. A la mi-journée, jeudi, les salariés ont occupé le rond-point devant l'établissement, mais quand les gendarmes mobiles sont arrivés pour les dégager, ils se sont enfermés dans l'usine, barricadant l'entrée. «Je pensais jamais en arriver à ce point-là», lâchait Jean-François Nicol, qui comptait sur la relance du secteur équipementier pour élever bon an mal an ses trois enfants, dont le plus âgé a 11 ans.
Les Sodimatex ont reçu, jeudi soir, le soutien de Xavier Mathieu, leader charismatique des Continental. Un peu plus tôt dans la soirée, la mairie de Crépy-en-Valois les avait ravitaillés pour la nuit. La fermeture de l'usine, qui emploie 92 salariés, a été annoncée le 10 avril 2009. Depuis, les négociations sur le plan social entre la direction et les salariés ont échoué.