Des sucettes pour les salariés… au centre d'appels Orange

Publié le par CGT PHILIPS EGP DREUX

Après avoir été accusée d'imposer une pression infernale sur ses salariés, l'entreprise paraît tomber dans l'excès inverse.
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REIMS (Marne). Distribution de bonbons et de bises, coup de buzzer… Chez France Télécom à Reims, la direction récompense ses salariés à coup de « démarche infantilisante » selon l'inspection du travail.

 

 

«Je vous ai apporté des bonbons parce que les fleurs c'est périssable, puis les bonbons c'est tellement bon… » Un responsable de France Télécom à Reims serait-il fan de Jacques Brel ? On peut s'interroger en découvrant la teneur du challenge instauré au début du mois au Centre client Orange régional (CCOR), situé boulevard Barthou.
La direction de cette plate-forme téléphonique, qui commercialise Mobicarte et forfaits M6 Mobile, avait décidé de surenchérir sur un challenge national au nom « de la convivialité et de la détente », explique-t-on à Villeneuve-d'Ascq (Nord) au siège régional de France Télécom.
Lorsqu'un téléopérateur réalisait une vente ou une « montée en gamme » auprès d'un abonné, « c'était d'abord signalé par une sirène de buzzer » explique Christophe Bizouaird, membre CGT du CHSCT (Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail) du CCOR de Reims. « Dans un open space déjà bruyant, ce n'est pourtant pas utile d'ajouter du volume sonore… » Ensuite, l'heureux vendeur se voyait proposer une enveloppe avec un lot. « Et l'on gagnait soit des sucettes, bonbons et friandises diverses, mais aussi une « lumière du futur », une simple bougie chauffe-plats estampillée 2010, une mini-boule à facettes ou une bise à son voisin. » Bien évidemment en pleine pandémie de grippe, cette dernière pratique n'est pas franchement conseillée. « Sachant qu'en plus localement, nous avons eu des cas de personnes porteuses du virus A/H1N1... » Enfin, certains chanceux pouvaient même remporter cinq minutes de pause. « C'est une hérésie », s'enflamme Christophe Bizouaird, « alors que nous demandons une augmentation de ce temps de pause… »
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Contraire à la dignité d'adultes »
Mis en place le 30 novembre, ce challenge aux lots assez désopilants, uniquement instauré à Reims, a été stoppé « dès que nous avons pris connaissance du compte rendu de l'inspection du travail », affirmait hier le service communication régional de France Télécom dans le Nord. Car, heureuse coïncidence, une réunion du CHSCT s'est tenue le 3 décembre en présence d'une inspectrice du travail. Et les doléances du personnel ne se sont pas fait attendre : « challenge infantilisant […] qui peut être ressenti comme une marque de mépris de l'entreprise pour ses salariés ». Du coup, dans une lettre d'observations transmise le 10 décembre, l'inspectrice du travail a « attiré l'attention de la direction sur la nécessité d'éviter vis-à-vis du personnel toute démarche infantilisante, en tant que telle contraire à la dignité d'adultes responsables ».
Alors, initiative malheureuse ? On ne s'est pas risqué à aller jusque-là à la direction régionale à Villeneuve-d'Ascq hier. C'est qu'au sein de France Télécom, on marche sur des œufs actuellement.
Après avoir été accusée d'imposer une pression infernale sur ses salariés, raison du grand nombre de suicides ces derniers mois, l'entreprise paraît tomber dans l'excès inverse.
D'ailleurs, même les syndicats estiment qu'il s'agit « d'une maladresse » sans monter plus en avant au créneau… « Ce n'est pas en phase avec les essais d'améliorations ressenties depuis quelques semaines », commente Christophe Bizouaird, élu CGT au CHSCT.
Du coup, en janvier, toutes les parts de galette des rois seront-elles dotées d'une fève afin que chacun puisse se balader avec une couronne royale ?
Frédéric

 

GOUIS

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