EMPLOI - Une loi va encadrer les propositions de postes à l'étranger, «humiliantes» pour les salariés...

Publié le par CGT PHILIPS EGP DREUX

Pour la droite, il fallait en finir. Ces reclassements obligatoires étaient trop «humiliants» pour les salariés, Partir en Turquie ou au Brésil, pour quelques centaines d'euros: voilà ce que les groupes industriels proposent à leurs employés, quand ils liquident une filiale. Dernier exemple en date, la fermeture en mars de Continental: des offres en Tunisie, pour 137 € mensuels. Cela n'arrivera plus. Une loi qui modifie le Code du travail pour «garantir de justes conditions de rémunération» lors des procédures de reclassement, vient d'être adoptée par le Parlement. 

«Un progrès social significatif»

Proposer un reclassement pour un poste similaire, mais pas forcément pour le même salaire, était jusqu'à présent obligatoire. Avant de licencier, les groupes industriels étaient donc obligés de faire des offres à leurs employés, même si celles-ci étaient indécentes. Sinon, ceux-ci pouvaient les attaquer – et gagner – en justice. A priori, la nouvelle loi semble donc honorable. «C'est un progrès social significatif», s'est félicité le député Nouveau Centre Philippe Folliot.

Coauteur du texte, il met en avant le questionnaire qui sera désormais envoyé aux salariés. «On leur demande s'ils souhaitent ou non recevoir des offres à l'étranger. Si oui, dans quels pays, et à quelles conditions, détaille-t-il. Ils ne sont pas obligés de répondre.» Selon lui, ce système va mettre fin à «la double peine du licenciement et de l'offre humiliante», tout en «offrant une sécurité juridique aux entreprises». 

Un loi «hypocrite»

Mais les défenseurs des salariés s'inquiètent. Pour eux, cette loi «hypocrite» facilitera les licenciements, en soustrayant les entreprises à l'obligation de reclassement. Ce que les partisans de la loi contestent. Mais l'avocat Philippe Brun n'en démord pas. Il avait défendu les employés des chaussettes Olympia (lire encadré), après une proposition de travail en Roumanie. «Cette loi ne défendra pas les salariés, estime-t-il. Il faudrait plutôt leur donner le droit de contester les causes économiques des licenciements.»

Selon lui, nombre d'entreprises sont attirées par les bas salaires alors qu'elles pourraient se maintenir en France. «Il leur suffit de plaider la cause économique, et personne ne peut vérifier. Ni l'Etat ni les juges.» La loi pourrait commencer à être appliquée dans les prochaines semaines.

Gilles Wallon
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