EXPULSION LOCATIVE AUX VAUVETTES A VERNOUILLET (28), UN LENDEMAIN DE 14 JUILLET :
COMMENT ON FAIT PAYER LA CRISE AUX PLUS PAUVRES
Il y a bien une justice à deux vitesses dans ce pays. Nous en avons eu confirmation ce matin à Vernouillet dans la cité des Vauvettes. Il est possible aujourd’hui, alors que des affaires entachent de manière extrêmement grave les responsables politiques aux plus hauts échelons de l’Etat, de jeter à la rue une famille de cinq enfants pour retards de paiements sur ses loyers. Aujourd’hui, alors que le chômage touche de façon massive et dramatique le bassin de l’emploi drouais, laissant des milliers de familles dans les difficultés de toutes sortes, l’OPAC de Dreux, fait appel à un huissier appuyé par la police pour expulser des habitants en difficultés de leur logement, sans que les représentants de l’Etat ou de la Municipalité n’interviennent pour l’empêcher.
Samedi 10 juillet 2010, Gisèle Quérité conseillère régionale d'Eure-et-Loir nous a contactés pour nous alerter sur l'imminence d'une procédure d'expulsion à l’encontre d'un locataire de la cité des Vauvettes à Vernouillet (28). Il s'agit d'une famille monoparentale, un père et ses cinq enfants actuellement au chômage bénéficiant du RSA. Des militants du PCF, du NPA et du POI ont répondu présents et ont commencé à chercher des solutions pour empêcher et s'opposer à cette expulsion. Nous avons décidé de nous constituer en comité de soutien à la famille menacée d'expulsion et de faire signer une pétition aux habitants du quartier pour élargir le comité et faire appel à la solidarité des habitants pour nous opposer plus nombreux à cette expulsion. Nous avons tenu une conférence de presse au domicile de la famille pour rendre publique notre indignation, nos propositions politiques et nos intentions.
Dans le texte de la pétition, nous avons donc appelé à la mobilisation des locataires des Vauvettes pour éviter qu'une famille ne se retrouve à le rue. Nous avons rappelé que le droit au logement est un droit fondamental. Nous avons réclamé un moratoire sur les dettes locatives des habitants en difficulté. Nous avons enfin exigé que les élus de gauche de Dreux et Vernouillet décident de faire voter un arrêté interdisant les expulsions locatives.
Parallèlement, Gisèle Quérité a demandé que nous soyons reçus en délégation par Mr Frard, maire PS de Vernouillet, demande qui a été refusée. Des appels au Sous-Préfet de Dreux ont également été effectués pour essayer de trouver une solution acceptable à la situation de la famille des Vauvettes, évitant de la jeter à la rue.
Lundi 12 et mardi 13 juillet nous sommes allés à la rencontre des habitants du quartier des Vauvettes, immeuble par immeuble, porte par porte. La plupart d'entre eux ont signé la pétition et se sont déclarés indignés par ces pratiques. Ils ont témoigné de la pression que l’OPAC de Dreux faisait peser sur les habitants de cette cité. Ils possèdent un élément de comparaison puisqu’ils étaient précédemment administrés par l’OPAC 28 (organisme public) mais l’OPAC de Dreux, en partie privatisé, a considérablement durci ses rapports avec les locataires de la cité. Nous avons récolté ainsi des centaines de signatures dans la cité des Vauvettes.
Nous avions bon espoir que la situation puisse se résoudre mardi soir et nous avons pris rendez-vous pour le jeudi matin pour reprendre contact avec les responsables politiques et ceux de l’OPAC de Dreux.
Mais c’était sans compter avec l’inexorable volonté de l’OPAC de Dreux et des responsables politiques de ne pas céder devant la demande qui leur était faite d’un arrangement pour la famille des Vauvettes et les revendications politiques qu’elle suscitait. Jeudi matin, il est un peu plus de 8h30. Coup de téléphone de Gisèle Quérité : "ça y est, ils sont là devant la porte de Mr M." Là devant le 17, de nombreux véhicules de police. Un détachement important de force de police, le commissaire, le commandant, un capitaine, des OPJ, des brigadiers, de simples agents de la police nationale pour aider Me Fraysse huissier de justice à déloger Mr M. de son logement avec ses cinq enfants. Nous étions une poignée du PCF, du NPA et du POI qui avions essayé dès samedi dernier de nous opposer à cette expulsion. Gisèle Quérité a tout tenté par téléphone pour ramener Mr Frard, le Sous-Préfet, le Préfet, l'OPAC de Dreux à la raison. Rien n'y a fait. Les ordres étaient de faire sortir les gens par la force si nécessaire et de procéder à l'expulsion. La presse locale qui est venue couvrir l'événement a permis d'éviter une confrontation plus directe et plus frontale entre les opposants et la police. Devant le grand nombre des forces de police déployées, nous n'avions guère de chances de réussir à éviter l'expulsion. Nous étions acculés. Ils avaient ordre d’évacuer et de procéder à l’expulsion.
C'est alors que Gisèle Quérité, qui travaille dans le quartier, a proposé de verser ses indemnités de conseillère régionale pour couvrir la dette et ainsi éviter l'expulsion de la famille. Ces indemnités étaient normalement versées au parti politique auquel elle appartient, le PCF. Il est à rappeler que seuls les élus du PCF, du NPA et du POI reversent leurs indemnités d’élus à leur parti, refusant ainsi tout enrichissement personnel.
L'huissier de justice a exigé un chèque de banque. La police a donné 30 minutes à Gisèle Quérité pour réunir la somme sous forme d'un chèque certifié sinon ils procédaient à l'expulsion.
Pendant ce temps la police a essayé de nous faire sortir en interdisant la circulation
dans la cage d'escalier. La situation était extrêmement tendue.
Gisèle Quérité est revenue et a donné le chèque qui comprenait la dette mais également les frais d'huissier et d'intervention, ce qui augmentait considérablement la somme à verser.
La police est partie non sans une dernière provocation : l’un d’entre eux nous a lancé "à la prochaine !". Les autorités ont voulu faire un exemple. On ne s'oppose pas à la force
publique impunément, ont-ils voulu signifier. Ils ont relevé nos identités. Et ils ont constaté qu’en hâtant la procédure, il était possible d’empêcher les habitants de s’organiser pour s’interposer. Selon eux, cela doit être une grande victoire... En fait, cette intervention constitue une honte pour tous ceux qui y ont collaboré et ceci au lendemain de la commémoration de la prise de la Bastille. Faisons en sorte collectivement que ce soit la dernière dont ils puissent se féliciter.
Se loger est déjà un problème majeur de notre société. Il va devenir un enjeu crucial des prochaines années, avec la crise du capitalisme qui se poursuit et s’amplifie et la politique de rigueur pour faire payer la crise aux travailleurs et aux plus catégories les plus pauvres.
Le bilan de Sarkosy, Hamel et Frard c’est les licenciements massifs chez Philips dans l’indifférence la plus complète, on jette les chômeurs à la rue sans autre forme de procès.
Cette situation appelle des réponses politiques claires, interdiction des licenciements, interdiction des expulsions locatives et une mobilisation militante à la hauteur des enjeux.
Agnès pour le comité NPA Dreux - Saint Rémy