L’Irlande défile contre la rigueur
Entre 50.000 et 150.000 personnes ont manifesté samedi à Dublin contre le gouvernement de Brian Cowen, le Fonds monétaire international et la Banque centrale européenne. A l'échelle du pays, la mobilisation est impressionnante. Avec ses 4 millions d’habitants, l’Irlande a vu défiler, s...amedi à Dublin, entre 50.000 (selon la police) et 150.000 personnes (selon la confédération syndicale Ictu). Malgré le froid et des chutes intermittentes de neige, les manifestants ont dénoncé le plan du gouvernement, qui devrait soumettre le pays à un régime d’austérité sévère afin d’assurer le sauvetage de son secteur bancaire. La marche s’est déroulée au son des cornemuses des quais de la Liffey jusqu’à la poste centrale, haut lieu de la révolution de 1916 contre les Anglais, où avait été lue la déclaration d’indépendance.
Une marche dans le calme, à l’exception de quelques incidents, survenus aux abords du Parlement, quand un petit groupe de manifestants a lancé des bouteilles et brûlé des affiches électorales du Premier ministre, Brian Cowen. Etudiants comme personnes âgées, électriciens comme universitaires: de très nombreux marcheurs ont brandi des pancartes et repris des slogans contre la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international. "Ils ont conduit l’Irlande à la ruine", "l’Irlande n’est pas à vendre", pouvait-on lire sur des banderoles ; "Brûlez un porteur d’obligations aujourd’hui" enjoignait une autre…
"Nous avons bravé la neige parce qu’il est important que des gens comme nous fassent entendre leur voix", explique John Murphy, un conducteur de bus à la retraite venu avec sa femme. "L’Irlande a déjà tellement perdu. Nous ne pouvons pas nous permettre de céder aux pressions venues de l’extérieur et de perdre encore davantage." Autre cible des manifestants, le gouvernement irlandais, jugé par beaucoup désormais illégitime. De nombreux jeunes ont exprimé leur crainte de devoir quitter le pays pour trouver un emploi, comme tant d’Irlandais par le passé: "Plusieurs de mes amis sont déjà partis, confie Sheila, récemment diplômée. Il y a si peu d’emplois, si peu d’espoir en l’avenir. Le gouvernement a trahi ma génération et maintenant, voici mon pays vendu au FMI."