L'usine Proma à Gien de nouveau en feu
Les anciens salariés ont allumé un deuxième incendie volontaire et revendicatif de pièces automobiles, mais n'ont pas obtenu de réponse sur le montant de leur indemnité supralégale.
« Cet après-midi, nous allons rejoindre le camp des “ouvriers délinquants de l'industrie” et faire comme tous ces salariés désespérés qui font la une des journaux télévisés et de la presse nationale : mettre le feu au stock qui nous reste ! »
Après les mots, Sylvie Geerts, élue CFDT et représentante des 83 salariés de l'usine Proma France à Gien, sous-traitant automobile de Peugeot et liquidée le 11 mars, est passée à l'action mercredi vers 18 heures.
En compagnie de plusieurs salariés et sous le regard des autres, ainsi que des automobilistes, elle a incendié des pièces produites pour Lear qui fait office d'intermédiaire entre Proma et Peugeot. Comme cela avait déjà été le cas dans la soirée du 30 mars.
Avec ce deuxième brasier, les salariés réclament toujours l'application d'un accord de méthode signé en septembre 2008 entre la direction de Proma France et les organisations syndicales, protocole qui prévoyait une prime supralégale de 32.000 € nets par salarié licencié dans le cadre d'un licenciement économique. Le dirigeant italien n'a concédé à ce jour qu'un engagement à hauteur de 12.000 € payable en deux fois.
Un mouchoir sale
Les armatures de sièges pour les véhicules Peugeot 1007 et 407 étaient fabriquées à Gien. « Les volumes n'ont jamais été à la hauteur des estimations ayant servi au chiffrage de ces projets », décrypte Sylvie Geerts. « Aucun marché de remplacement ne nous a été confié, on nous a laissé couler tout doucement. Pendant ce temps, Peugeot a bénéficié d'une aide de l'État de 3 milliards d'euros. » La syndicaliste dénonce ce diktat qui valide un projet avec un sous-traitant pour au final le jeter comme un vulgaire mouchoir sale, ce monde de l'automobile qui délocalise, vraisemblablement en Angleterre, sans scrupule.
Afin d'éviter que ce deuxième passage à l'acte ne se transforme en feu de paille, les salariés se demandent quelle suite donner au mouvement. « On est au point mort. Pire, on recule », constatent certains. « Il faut aller plus loin », affirme Dominique. « Sortir le stock, menacer de saccager des pièces toutes les heures, donner un ultimatum. » Pour d'autres, la tentation est de tout brûler. « Etre ici jour et nuit depuis un mois, ça commence à bien faire. Il faut agir si on veut obtenir quelque chose. »
« L'État doit intervenir »
À Paris, Jean-Pierre Sueur, sénateur socialiste du Loiret, s'efforçait mercredi de « rassembler tout le monde autour de la table ». Alors qu'une réunion se tenait entre la direction de Proma Italie, l'avocat de Proma et l'administrateur judiciaire, l'élu a contacté de son côté PSA, Renault et le ministère de l'Industrie. « L'État doit intervenir. Il a donné de l'argent à PSA et Renault, il doit se pencher sur les équipementiers ou au moins faire pression sur les constructeurs », défendait-il mercredi. « Le groupe Lear doit aussi participer s'il veut récupérer ses pièces. » Celles-là même brûlées par deux fois par les salariés.