Les annonces de Total ne calment pas les salariés des raffineries
«Les annonces de Total, c'est zéro.» Thierry Dufresne résume le sentiment des centaines de salariés de Dunkerque et d'autres raffineries, venus manifester devant les tours de Total de La Défense (Hauts-de-Seine) alors que s'y déroule un comité central d'entreprise. «Tout ce qu'ils proposent, c'est une plateforme technique avec environ 200 emplois», ajoute ce syndicaliste CGT membre du comité central d'entreprise, qui se tenait dans la matinée.
Total a annoncé l'arrêt de l'activité raffinage à Dunkerque, un projet d'y installer un centre d'assistance technique et une école de formation, et une participation à la construction d'un terminal méthanier avec EDF.
Ce dernier projet vise à créer une cinquantaine d'emplois directs, alors que le site nordiste en compte 370, mais le groupe assure que l'emploi sera garanti pour tous ses salariés à travers les autres activités.
Pourtant, au pied des bureaux de Total à La Défense, l'amertume a envahi les salariés partis en cars de Dunkerque au petit matin, ainsi que leurs collègues venus d'autres sites.
«C'est très difficile depuis septembre (date d'arrêt provisoire de la raffinerie de Dunkerque, ndlr), témoigne David, 32 ans, en charge de la sécurité des installations. Tout ce qu'on veut, c'est bosser et on a encore des moyens de pression pour les faire plier», ajoute-t-il, alors que les salariés nordistes sont en grève depuis deux mois.
«L'école de formation, on nous a déjà dit ça le 1er février, mais on est pas des formateurs nous, on est des raffineurs, s'exclame Joël, chez Total depuis vingt-sept ans. Et le centre technique, cela veut dire passer 70% de notre temps en déplacement, loin de nos familles. On ne veut pas de ça.»
Son collègue Vincent se dit, lui, «très en colère». Quelques minutes plus tôt, les manifestants sont allés du siège de l'activité raffinage à une autre tour abritant le siège de l'ensemble du groupe, distant de quelques centaines de mètres.
Les salariés ont voulu entrer dans le hall et se sont fait refouler par les gaz lacrymogènes des gendarmes. Quelques vitres ont été brisées.
(Source AFP) Libération