Les Brodard menacent de faire sauter l’imprimerie
Mercredi 7 avril 2010, par Brodard Graphique
//Les salariés de Brodard Graphique n’avaient pas été entendus après leur premier mouvement de grève en janvier. Cette fois, ils annoncent vouloir aller jusqu’au bout.
Après la séquestration de patrons, une nouvelle tendance est en train de naître chez les grévistes. Hier matin, les salariés de Brodard Graphique, imprimerie des Pages jaunes, de divers magazines et de « Direct Matin » ainsi que de nombreux tirages publicitaires, ont lancé un mouvement social et disposé des bouteilles de gaz devant leur entreprise.
A l’instar des salariés Sodimatex de Crépy-en-Valois, dans l’Oise, ils menacent de les faire exploser si la direction reste sourde à leurs revendications. « Nous avions déjà lancé une grève début janvier. La direction n’a pas tenu compte de nos doléances ! » martèle Dany Corcessin, secrétaire du CE et délégué CGT. Les salariés étaient encore 217 en décembre dernier. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 131. Presque 90 employés sont concernés par le plan social, sous forme de départs volontaires ou de licenciements secs. « Soixante des nôtres ont déjà reçu leur lettre de licenciement. Huit d’entre eux sont des licenciements secs, dont la moitié concerne des représentants du personnel… Il n’y aura bientôt plus personne pour négocier ! » déplore l’élu CGT.
Les grévistes exigent notamment des promesses écrites quant à la sécurité des emplois encore existants. Hier après-midi, la direction a consenti à discuter avec le personnel. Les 86 licenciements sont maintenus, avec des propositions de reclassement décriées par les employés : des postes à mi-temps sur le site de Malesherbes ou des emplois d’agents de nettoyage. Inacceptable, pour les grévistes. « J’ai 55 ans, dont trente-six passés chez Brodard. J’ai donné ma vie pour l’entreprise et aujourd’hui je suis licencié, avec une proposition de reclassement qui me fait perdre 600 € sur mon salaire ! » explique Thierry, visiblement ému.
Du côté de la direction, on affirme que les « négociations sont en cours », le principal point de désaccord portant sur ces propositions de reclassement et sur la modulation du temps de travail, a propos de laquelle elle n’entend pas « passer en force ». Les grévistes semblent déterminés. « En janvier, nous avions déjà parlé de ce genre d’action, mais nous avons été trop gentils. Aujourd’hui, c’est différent. »
Plusieurs palettes en bois ont donc été amoncelées autour d’une vingtaine de bouteilles de gaz. Un danger qui ne semble pas effrayer les commerces voisins. « Les bouteilles de gaz sont en retrait, de l’autre côté du boulevard. Il n’y a pas de risque majeur pour notre clientèle et il s’agit sans doute de manœuvres d’intimidation », estime la direction du centre commercial Leclerc, situé juste en face de l’imprimerie.