Les "Grass Valley" toujours en grève
À Rennes, les salariés ont cessé le travail il y a trois semaines : 168 postes doivent être supprimés. Brest est aussi touché.
« Monsieur l’huissier, notez. On continue la grève ! », annonce, au micro, l’un des salariés de Thomson Grass Valley, à Rennes. Près du campement installé par les grévistes, un huissier écoute l’assemblée générale et prend des notes pour la direction. Dans cette filiale du groupe Technicolor (ex-Thomson), il y a trois semaines qu’ouvriers et ingénieurs ont cessé de concevoir et de fabriquer du matériel pour les studios de télévision.
La direction de Grass Valley veut supprimer 305 postes, en France, dont 168 à Rennes (sur 400 emplois) et vingt-trois à Brest (sur 73). Pour Technicolor, cette filiale lui coûterait trop cher : 87 millions de pertes, en 2009. Depuis quelques semaines, les négociations ont donc débuté entre syndicats et direction qui voudrait les avoir terminées, mardi.
Après les licenciements la vente
Seulement voilà, hier, les grévistes l’ont redit haut et fort : « Le compte n’y est pas ! » Les dirigeants de Technicolor annoncent des primes variant de 20 000 à 45 000 € selon l’ancienneté. L’intersyndicale réclame un minimum de 35 000 €, plus un mois de salaire par année d’ancienneté, sans comprendre pourquoi les dirigeants refusent de reclasser des ingénieurs de Grass Valley dans le centre de recherches voisin de Technicolor où 450 personnes travaillent. « D’un côté, Technicolor emploie 200 ingénieurs prestataires à Rennes, c’est-à-dire des intérimaires. De l’autre, il licencie le personnel de Grass Valley. Incompréhensible ! », lâche un salarié.
Enfin, à la colère s’ajoutent les craintes. Après avoir licencié, Technicolor compte bien vendre Grass Valley en plusieurs morceaux (par spécialité). Que deviendront alors les ouvriers restants ? « Ici, personne ne croit en la viabilité de l’usine qui restera... », soupire Yvon, un des grévistes.