Les PARM du SAMU 62 en grève pour faire reconnaître la spécificité de leur métier
Comme tous les personnels hospitaliers grévistes, les PARM d'Arras ont été réquisitionnés par le préfet et sont donc à leur poste. Seul un panneau, collé sur la vitre de leur box, indique leur condition de grévistes. À l'origine de leur colère, un changement de catégorie qu'ils appelaient de leurs voeux depuis belle lurette, mais qui leur est accordé assorti de conditions « qui font douter que la plupart d'entre eux remplissent jamais les critères... », soulignent Étienne Martinot et Mickaël Suligère, les piliers de FO santé au centre hospitalier d'Arras.
C'est que le métier des PARM n'a rien d'une sinécure... La responsabilité qui pèse sur leurs épaules est écrasante puisqu'ils sont les premiers à répondre à l'urgence : une adresse mal prise, une mauvaise appréciation de la situation et c'est une vie humaine qui peut-être perdue, à l'autre bout du fil.
Lorsqu'ils décrochent, sont-ils face à une urgence vitale pour laquelle il faut déclencher l'envoi de secours sans même attendre qu'un médecin régulateur soit disponible ? Leur correspondant a-t-il juste besoin d'un conseil, ou d'être réorienté vers la médecine de ville ? Faut-il lui passer le médecin régulateur, souvent surchargé ? Droit à l'erreur zéro... Et cela, de jour comme de nuit, dimanches et fêtes compris. Sur une vacation, un PARM va répondre en moyenne à trois cents appels, tous enregistrés pour pouvoir les réécouter en cas de litige. Il doit maîtriser l'informatique, la radio... Et comme tous les personnels d'urgence, il est géré directement par le préfet en cas de catastrophe, et se retrouve sur le terrain... Pour ne rien simplifier, le PARM est rare... Personnel administratif à la base, mais hyperspécialisé grâce à une formation de deux ans sur le terrain sanctionnée par un concours, il ne faut pas espérer le remplacer par un intérimaire lorsqu'il est malade... Ce sont forcément ses petits camarades qui sont rappelés. Les heures « à la marge », comme on dit pudiquement dans le milieu hospitalier, s'accumulent d'année en année. Laurent comptabilise deux cents et Xavier environ trois cents de ces heures travaillées, mais non payées puisqu'elles sont censées être récupérées. Sauf qu'il n'est jamais possible de récupérer... Et pour tout cela, un PARM gagne 1 200 E en début de carrière pour plafonner à 1 800 E à la fin. Les PARM demandaient donc, depuis des années, à passer de la catégorie C à la catégorie B. Ils devraient obtenir satisfaction, mais risquent de perdre, en contrepartie, la spécificité de leur statut. D'où le bras de fer avec la ministre...
La voix du nord