Licenciée jeudi, décorée vendredi
LAON (Aisne). Comme huit autres de ses collègues, Martine Lebeau a appris son licenciement par lettre recommandée.
JEUDI, Martine Lebeau effectuera son dernier jour chez Weill, pour cause de licenciement. Le lendemain, elle sera à Paris, chez Weill, pour y être… décorée ! « Je crois que je vais y aller avec votre article et ensuite leur dire merci, en leur donnant ! » D'un côté, Martine Lebeau, bientôt 54 ans et 37 ans de présence chez Weill à Laon. « J'ai connu le premier bâtiment, à côté des abattoirs. J'ai vu des collègues partir lors des deux licenciements. Et là, c'est mon tour. J'ai du mal à comprendre. »
Justement, c'est là que le bas blesse. Martine voudrait savoir pourquoi elle se retrouve dans les 9 licenciés. Mais que ce soit dans le premier courrier reçu, celui qui la convoquait pour l'entretien préalable à licenciement, ou tous ceux qui ont suivi, jamais elle n'a obtenu d'explication.
« La seule fois où j'ai eu des informations est quand on m'a dit d'envoyer un courrier à la maison mère, à Paris, pour obtenir ce fameux décompte de point qui leur a permis de sélectionner les 9 licenciés. »
Au départ, quand la mesure de licenciement est tombée, six critères ont été annoncés : l'ancienneté dans l'entreprise, assiduité au travail, la polyvalence, l'âge, les compétences et la situation familiale.
« J'ai donc demandé au siège, en envoyant lettre avec accusé de réception. »
C'était le 2 novembre dernier. Or, en réponse à ce courrier, Martine n'a reçu que l'accusé de réception, le 6 novembre dernier. Bien sûr, dans la première lettre, l'entreprise expliquait le pourquoi du licenciement, côté Weill : conjoncture économique, abandon d'une marque - Villa bleu -, moins de modèles dans chaque collection (- 140)… que du global et l'annonce des licenciements qui allait tomber.
Plus qu'une faute de goût
« J'espère que ce n'est pas à la suite des ennuis de santé, glisse cette mère de deux grands enfants, car je n'y suis pour rien si le chirurgien qui m'a opéré en 1999 s'est loupé. »
Une galère inimaginable, qui d'une simple intervention chirurgicale et un arrêt d'une quinzaine jours, s'est transformée en chemin de croix de 3 ans ! Puis, un ultime effet secondaire en 2007, avec un arrêt de travail d'un mois et demi pour un début d'une polyarthrite rhumatoïde. Qui a été soigné, puisque pris à temps.
L'histoire de Martine, comme ces 8 autres camarades n'est pas gaie et elle prend une tournure assez caustique. Comme une autre de ces camardes, elle aussi en partance forcée de l'entreprise, elle va être décorée de la médaille du travail pour 35 ans de présence.
À Paris, lors d'une soirée qui s'annonce notable. Sauf qu'elle aura lieu le premier jour de son chômage. Plus qu'une faute de goût.
Stéphane Massé
Blog jacques tourtaux