Marseille au bord de la paralysie
Une fois de plus, Marseille jouera les prolongations. A 17 heures, ce samedi après-midi, il sera partout en France l’heure de se disperser après la manifestation. Pas à Marseille, où le front syndical a annoncé hier qu’il maintenait la pression: après avoir défilé à travers toute la ville, de la fontaine de la place Castellane aux quais du Vieux-Port, les principales unions départementales tiendront un meeting intersyndical (commun avec l’Unef) sur le quai des Belges. Objectif: annoncer que la mobilisation continue. "Et réaffirmer notre refus du projet de loi sur les retraites porté depuis le 7 septembre par tous les syndicats du département", prévient Eric Chesnais, secrétaire départemental CGT.
Des crèches et des centaines cantines scolaires en grève
Effectivement, dans la cité phocéenne, la pression est forte depuis le début du mouvement. Il y a, bien sûr, les "habituelles" raisons sociologiques: "Traditionnellement, dans une région où la Fonction publique et le tissu industriel restent plus forts qu’ailleurs, l’engagement des salariés est aussi beaucoup plus volontaire", rappelle Gérard Dossetto, secrétaire général départemental FO. Et puis il y a les raisons plus conjoncturelles. La plus évidente s’observe sur la Méditerranée, où des dizaines de supertankers sont bloqués en rade. Explication: le port de Marseille-Fos est en grève, mobilisé contre le projet de retraite (les dockers, qui veulent faire reconnaître la pénibilité de leur travail, sont déjà mobilisés dans un mouvement de grève partielle depuis plusieurs semaines), mais aussi, depuis quatre jours, contre un projet de privatisation du port. La CGT, majoritaire sur le port, s’y oppose depuis de longs mois déjà.
Les agents du port ont durci le mouvement, bloquant vendredi matin les terminaux passagers Corse et Maghreb, après avoir bloqué les terminaux pétroliers depuis mercredi. Premier effet collatéral: en Corse, la préfecture a déjà pris des mesures de limitation de l’approvisionnement. Un autre port, celui du Havre, a connu dès hier des blocages. Autres secteurs perturbés par l’opposition au projet de réforme des retraites, les crèches municipales (une dizaine sont en grève) et les cantines scolaires, dont plus d’une centaine (sur 449) ne servent plus de repas aux enfants depuis plus d’une semaine. La vie quotidienne des Marseillais doit aussi se faire avec une grève partielle des bus municipaux. Cet après-midi, à Marseille, il risque effectivement d’y avoir du monde à pied dans la rue. Sans compter que 14.000 croisiéristes sont attendus à l’escale ce weekend…
(JDD)