Mead Emballage : '' C'est l'état de siège ''

Publié le par CGT PHILIPS EGP DREUX

111453071_image_article_droite_width.jpg

Des voitures garées en pagaille, un immense tas de cendre bordant un amas de palettes prêtes à être brûlées, une entrée bloquée par d'imposants rouleaux de carton... Derrière, des hommes et des femmes, tête basse. Nous sommes sur le site de Mead Emballage, quelques heures après l'annonce, par la direction, de sa fermeture pure et définitive (NR d'hier). Une décision jugée « anormale et inopportune » par les salariés. Qui ont, de fait, décidé d'occuper l'usine.
« On ne s'attendait pas à ça, expliquent Thierry Jambu et José Loureiro, délégués syndicaux. Depuis le plan social de 2008, qui a vu 94 collègues partir, on attendait l'arrivée d'une nouvelle machine qui devait pérenniser le site. Les fondations pour l'accueillir venaient d'être achevées. Et là, pan, c'est le coup de massue... » Une mauvaise surprise qui met un point final à un épisode de négociations entamées il y a près de deux ans sur les conditions de survie de cette entreprise oeuvrant dans l'emballage de boissons alcoolisées.
« Qu'est-ce qu'on va devenir, lâche Françis Rosier, 53 ans et vingt ans de maison. Vous savez, depuis que ce projet de restructuration avait été annoncé, validé devant le préfet et nous, les salariés, on y croyait. Certains ont même acheté une maison, confiants qu'ils étaient ! Maintenant, de quoi sera fait notre futur ? »

'' L'usine en otage ''

L'avenir proche, pour les 160 salariés qui restaient en poste, c'est désormais l'attente de la lettre qui doit les inviter à rester chez eux. Mais tous ont promis de tomber les armes à la main. « Cette usine et le matériel qui est entreposé à l'intérieur, c'est tout ce qu'il nous reste, précise Thierry Jambu. Alors, nous occuperons l'endroit, car c'est chez nous ! Il faudra des CRS pour nous déloger ! Quand on voit comment la direction nous a annoncé sa décision, avant de prendre la fuite par une porte dérobée, on se dit qu'on n'a pas de cadeau à lui faire. On ne lâchera rien ! » Et un collègue reprend : « A Mead, maintenant, c'est l'état de siège ! Nous avons pris l'usine en otage. Nous n'avons plus rien à perdre. Ce qu'on veut ? Reprendre les négociations : Mead, à Châteauroux, est viable et on peut prouver ! ».

Le chiffre

254

C'est, au total, le nombre d'employés de Mead Emballage qui seront laissés sur le carreau au terme de ce second plan social. Ils étaient 94, la première fois, et pas moins de 160 personnes travaillaient encore sur le site, jusqu'à avant-hier.
Hier, dans un communiqué de presse, les salariés actuels ont invité les anciens salariés et la population sensibles à leur cause, à les rejoindre : « Nous sommes sur le site vingt-quatre heures sur vingt-quatre ! Que les gens viennent nous soutenir face à ceux qui nous volent nos emplois ! ».

Christophe Gervais
(La Nouvelle république)

Publié dans Boites en luttes

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article