Nexans : 60 000 euros jugés insuffisants !
Mercredi soir, les salariés attendaient impatiemment des nouvelles des ultimes négociations à Laon. Ils étaient réunis au coin du feu, en compagnie du lieutenant Rénier, de la brigade de gendarmerie de Chauny. En face, le patron du café « Le Royal » venait de recevoir l'ordre, par arrêté préfectoral, de fermer son débit de boisson à 19 heures, pour éviter tout débordement.
Mercredi soir, la situation était plus que jamais tendue sur le site de Nexans où les 220 salariés licenciés attendaient des nouvelles de leurs représentants, en réunion depuis 18 heures à Laon avec les directeurs de Nexans France. Ces dernières négociations avant la fermeture du plan de sauvegarde de l'emploi devaient déboucher sur des indemnités supplémentaires et des mesures sociales plus conséquentes. A 21 heures, il était annoncé une augmentation de la « supra légale » de 50 000 à 60 000 euros, s'il n'y avait pas de dégradation, et avec des limites d'âges. Les employés présents ont élevé la voix pour que leurs délégués continuent les négociations et fixent la barre à plus de 70 000 euros et pour tous les âges.
Le 17 septembre 2009, les 220 employés de Nexans France (tréfilerie) et Nexans Coppers (Coulée continue) apprenaient brutalement la fermeture des deux usines chaunoises, ainsi que le licenciement de 384 salariés dans l'hexagone. Après trois mois et demi d'occupation du site, de grosses déceptions et de multiples réunions au siège de la multinationale à Clichy, les Nexans Chauny négociaient mercredi, à Laon, avec leurs patrons une sortie de conflit « honorable » afin de retrouver une vie familiale et professionnelle la plus digne possible.
Mardi après-midi, les salariés licenciés avaient fait monter la pression en démontant plusieurs machines (certaines coûtent 500 000 euros pièces) et en les installant provisoirement dans la cour. Il s'agissait, bien évidemment, de peser sur les ultimes négociations locales qui se déroulaient au siège de la DDTEF (Direction départementale du travail, de l'emploi et de la formation). Un face à face réunissant : d'un côté les dirigeants MM. Bluthé, directeur Nexans France, Potus, ressources humaines, Buzer, métallurgie, Federspiel et Berthe (usine de Chauny) et, de l'autre côté, huit délégués du personnel (4 tréfilerie et 4 coulée continue).
« Nous demandons bien entendu
une rallonge en matière d'indemnités compensatrices car le groupe, avec ses énormes moyens financiers, doit payer la casse humaine à Chauny, mais aussi des mesures d'accompagnement dignes de ce nom, pour les plus jeunes et les plus vieux, et pour le retour à l'emploi… » indiquait hier midi David Quillet.
Hier soir, les négociations ont commencé avec plus d'une heure de retard. A 21 heures, les premières nouvelles arrivaient par téléphone à l'usine : 10 000 euros supplémentaires pour la supra légale et pour les 30-50 ans, avec une décôte pour les autres.
« Ici, on ne divise personne, nous voulons 30 000 euros pour tout le monde » tonnaient plusieurs salariés : « il faut continuer les négociations ».
En fait, les délégués continuaient à négocier hier soir au dessus des 10 000 euros accordés par la direction, et notamment, au niveau des âges. Les salariés nés en 1950, 51, 52 et 53 pourraient toucher, dans ce cas précis, 1 500 euros/mois pendant les deux prochaines années et les employés nés en 54, 55 et 56, 3 000 euros, mais en venant nettoyer l'usine…
Les choses devaient encore évoluer pendant la nuit, qui aura été très courte.
Certaines machines valent près de 2 millions d'euros. Elles devraient partir à Bohain pour fournir de l'emploi.
Source: l'Aisne nouvelle (25 12 2009)
Certaines machines valent près de 2 millions d'euros. Elles devraient partir à Bohain pour fournir de l'emploi.
Source: l'Aisne nouvelle (25 12 2009)
LES REPÈRES
17 septembre 2009 : les 220 salariés apprennent la fermeture de la tréfilerie et de la coulée de cuivre continue.
25 septembre : première manifestation dans les rues de Chauny. Environ 500 personnes y prennent part dont de nombreux élus locaux.
30 septembre : ouverture des négociations à Clichy-la-Garenne (92), au siège de Nexans France.
6 octobre, 13, 22, 23 et 27 octobre, 5 et 13 novembre : à ces dates, les salariés ont manifesté à Saint-Qentin, Chauny ou encore Clichy.
17 décembre : fin du plan de sauvegarde de l'emploi
23 décembre : fin de la journée de négociations sur la sortie de conflit.
24 décembre : fermeture du site et départ des salariés.