Philips Dreux : prendre en main la production pour sauver l'emploi !
En réponse à la fermeture économique de leur entreprise, les salariés de Philips à Dreux (Eure-et-Loir) ont repris la production de téléviseurs, rappelant qu’une usine peut fonctionner sans patron.
Foutue météo, ce vendredi 8 janvier : la neige encombre toutes les routes départementales et l’usine Philips semble assoupie au milieu d’une plaine du Jura. Pourtant, dès qu’on entre au réfectoire, l’ambiance est plus chaude. Depuis le début de la semaine, les salariés du site ont repris la production de téléviseurs que la direction laissait s’éteindre dans l’attente de la finalisation du plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) prévue pour fin janvier.
C’est au cours des assemblées qu’ils tiennent à 5 janvier à 9 heures du matin, , que les salariés ont décidé de poursuivre la production. Les téléviseurs produits sont stockés sous bonne garde. Par leur action, les salariés montrent qu’ils n’ont besoin de personne pour produire.
Mais, si la direction est d’abord restée discrète, dès lundi 12 janvier elle a convoqué des huissiers et mobilisé quelques « responsables » pour dire clairement que cette reprise d’activité était illégale. Pourtant c’est plutôt la direction de Philips qui est dans l’illégalité : la direction départementale du travail a démontré sans peine que la fermeture du site n’a aucune justification économique autre que l’externalisation pour réduire les coûts de production par la diminution des salaires et la détérioration des conditions de travail.
Lors de la mise en place du PSE, la direction n’a pris en compte qu’une unité juridiquement fantôme pour justifier les difficultés économiques et n’a donc pas respecté le périmètre de consultation des institutions représentatives du personnel et a même « oublié » des salariés dans le décompte des postes à supprimer !
Mais il n’est pas sûr que ces patrons voyous acceptent de revoir leur copie si facilement. Si les travailleurs de Philips prouvent qu’ils sont capables de produire sans patrons, les patrons ne renonceront pas si facilement aux profits qu’ils espèrent toujours plus juteux grâce à la délocalisation.
Alors, qu’ils s’en aillent et que l’État mette en place un secteur électronique grand public capable de répondre aux besoins de la population. Gageons que, forts de leur expérience, les travailleurs de ce site sauront y défendre leurs salaires et leurs conditions de travail !
Mais pour atteindre cet objectif, nous devons œuvrer à la construction d’un rapport de forces bien plus favorable aux salariés de Dreux. La solidarité doit se construire localement, régionalement et nationalement par la rencontre et l’échange avec les salariés d’autres entreprises en lutte.
Camille Prunet
Camille Prunet