Pimkie : Noël au piquet pour les grévistes

Publié le par CGT PHILIPS EGP DREUX

À Neuville-en-Ferrain, à l'heure de la dinde, hier, une dizaine de salariés de Pimkie bloquent l'accès à l'entreprise. Ci-dessous à Wasquehal, les couvertures sèchent après la nuit humide.Drôle de Noël pour 

les salariés grévistes de Diramode-Pimkie. Au lendemain de négociations avortées avec leur direction, ils ont poursuivi le blocage des sites de Neuville-en-Ferrain et de Wasquehal. Solidaires et déterminés.


MATHIEU THUILLIER ET GILLES MARCHAL > region@nordeclair.fr
Emmitouflées dans leur doudoune, elles se réchauffent comme elles le peuvent autour du brasero de fortune. Les palettes se consument à petit feu et donnent à ce Noël sur la zone industrielle de Neuville-en-Ferrain, totalement déserte et un peu sinistre, un air surréaliste. Au lendemain de négociations marathon, mais avortées avec leur direction (lire notre édition du 25 décembre), les Pimkie - en majorité des femmes - sont bel et bien là, fidèles au poste. Pas question de baisser la garde, de revenir sur leurs revendications.
Alors à l'heure de la dinde, elles sont là, une dizaine à se relayer et à défendre leur piquet de grève. Même si au fond d'elles, c'est la rancoeur et la colère qui l'emportent. « On est des mères de famille et nos enfants nous attendent... ». En cette période de fêtes, si elles n'attendaient pas de cadeaux, elles espéraient « un peu plus d'humanité. »
Le coup de blues du réveillon
En ce jour de Noël, Nathalie Cordier, 39 ans, dont 20 passés chez Pimkie, maman de deux enfants et préparatrice de commandes, est de retour devant l'entreprise, bloquée depuis près d'une semaine. « Jeudi, j'ai eu un coup de blues, alors j'ai passé le réveillon à la maison, avec les enfants.
Mais tout le repas, on a parlé que de ça. » Les 60 000 E de prime extra-légale de licenciement pour laquelle elles se battent ; les collègues qui réveillonnent dans le froid ; les maris qui viennent donner un coup de main, la nuit, pour sécuriser le site... « J'ai culpabilisé de ne pas être avec eux. » Alors, ce matin, comme ses collègues, Nathalie Cordier est plus que jamais déterminée à poursuivre le blocage.
« Une nuit abominable » À Wasquehal aussi la veillée de Noël a été synonyme de luttes. Lutte pour des primes de licenciement « décentes » et « légitimes » , lutte contre le froid et la pluie qui glacent jusqu'aux os. Toute la nuit, une soixantaine de salariés et de sympathisants se sont relayés pour bloquer l'entrée du dépôt situé sur la zone industrielle de la Pilaterie. « Ç'a été une nuit abominable, on était pétrifié de froid », confie Joëlle, 22 ans de boutique. Elle a passé des heures à grelotter alors que le pays s'égayait autour des tables et des sapins. Elle n'a fermé l'oeil que quelques minutes dans la tente posée à même le macadam. Roseline, 10 ans d'ancienneté, était à ses côtés : « J'ai mis mes enfants et mon mari au lit et je suis arrivée vers 21 h. On est déterminé, on est motivé, on ira jusqu'au bout », répète-t-elle la rage au ventre.
La solidarité s'organise autour du piquet qui, avec ses guirlandes et son sapin de fortune, ses couvertures qui sèchent et ses dortoirs en toile, prend des airs de favela. Des riverains, des amis apportent leur soutien. L'un amène du café, l'autre des chocolats. Un anonyme a même déposé 50 E dans la caisse de solidarité. « Tout ce qu'on sait c'est qu'il s'appelle Gérard. Je lui ai demandé si c'était Gérard Mulliez il m'a dit non », ironise Nabyl Denfer, délégué central CFDT. « Les patrons sont bien au chaud et se nourrissent de caviar, nous on est dehors et on a du café », lance furieusement une gréviste.
Le père Noël est communiste Des élus sont également passés soutenir les grévistes. Alain Boquet, député communiste et ancien maire de Saint-Amand , a mis 100 E dans la cagnotte. Francis Provost, conseiller municipal communiste à Wasquehal, a amené un poêle à pétrole, un brazero, d'autres choses encore. « Il passe tous les jours, c'est un vrai père Noël pour nous », assure une salariée qui élève seule ses deux enfants. Elle fond aussitôt en larmes, épuisée par une nuit sans sommeil.
Mais il en faudra davantage aux grévistes pour jetter l'éponge et lever le piquet. Déjà ils s'attendent à passer le réveillon du 31 décembre dans les mêmes conditions. Les prochaines négociations sont prévues le 12 janvier. « On tiendra au moins jusqu'à l'ouverture des soldes (le 6 janvier, ndlr), on n'a pas fait tout ça pour rien. » Le mouvement continue.w
source: Nord éclair

Publié dans Boites en luttes

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