Preciturn : dans quinze jours les salariés souffleront
Le tribunal de commerce n’a pas rendu sa décision mais, hier après-midi, les salariés et le PDG du sous-traitant automobile de Monistrol-sur-Loire étaient très confiants.
Beaucoup de soulagement, un peu d’impatience, mais pas d’explosion de joie. Les salariés de Preciturn sont dans le flou depuis un an. Ils vont attendre quinze jours de plus avant de connaître la décision du tribunal de commerce du Puy-en-Velay. Rarement, ils ont été d’accord avec leur patron mais, hier, les violons se sont accordés.
A la sortie de l’audience, tout le monde pariait sur une sortie imminente du redressement judiciaire. « Une solution à zéro licenciement ».
« On se dirige vers l’adoption du plan de continuation. Toutes les personnes à l’audience - le procureur et les juges - y sont favorables », se félicitait Frédéric Cluzel, un délégué syndical.
Le sous-traitant automobile restera donc aux mains de Mathieu Burthey, jeune PDG du groupe. Et la dette devra être remboursée dans les dix ans. « Aujourd’hui, on assume et on fonce, déclarait-il. Le combat sera difficile, car on va courir avec un sac de pommes de terre sur le dos. » Une allusion au lourd passif (estimé à 2,4 millions d’euros), qui a conduit l’entreprise devant le tribunal. L’Urssaf pourrait abandonner jusqu’à 70 000 euros de créances.
Sur le volet social, pas de licenciement. Le tribunal de commerce du Puy a encore en mémoire tous les dossiers qui se sont achevés par un plan social, depuis un an. Une bonne raison pour offrir une deuxième chance à Preciturn, avec les mêmes dirigeants.
Jamais un repreneur ne s’est manifesté. Et de toute façon, « dans le cadre d’une cession, les salariés perdraient des plumes. Nous sommes dans un océan, peut-être sur une planche pourrie, mais il faut s’y accrocher », estimaient les délégués syndicaux, dans un discours toujours très imagé. Des mots durs, mais dans la cour du tribunal, le dialogue s’est engagé.
Mathieu Burthey jugeait « qu’il y a eu des tensions au début avec les salariés. Elles se sont déjà apaisées. Après, il a fallu que je rassure les juges. On va conserver tous les salariés. Dans le contexte actuel, c’est très bien. » Surtout quand ses clients principaux sont PSA et Renault, touchés de plein fouet par la crise du secteur automobile, en 2009.
Preciturn Monistrol doit sa survie à l’arrivée prochaine d’un client hollandais, qui va gonfler son chiffre d’affaires de 1 à 2 millions d’euros par an, une somme nécessaire « pour dépasser le point mort et rembourser le passif », dixit le PDG.
« Ce n’est pas insurmontable : la valeur de l’entreprise est de 3 millions d’euros. On peut oublier la procédure et aller de l’avant. »
Lundi matin, les employés reprendront le travail. Leur grève, entamée jeudi matin, a peut-être fait pencher la balance en leur faveur. C’est l’avis de Raymond Vacheron, de la CGT : « Ils étaient prêts à se faire entendre. »