RER A: La grève s'enlise

Paru dans leJDD: La galère continue pour les usagers du RER A (Reuters)
Dixième jour de grève samedi sur la ligne A du RER. Le dernier week-end de courses avant Noël risque de se transformer en parcours du combattant pour les Franciliens qui empruntent le tronçon traversant Paris d’ouest en est. Les syndicats ont fait voter vendredi la poursuite du mouvement jusqu’à lundi. Un "service minimum" est mis en place. L’axe Défense-Nation est servi par un train sur deux entre 10 heures et 20 heures et les liaisons vers Saint-Germain-en-Laye, Boissy-Saint-Léger, Marne-la-Vallée et Chessy compteront un train sur quatre. Les rames sont conduites par des cadres non grévistes, comme cette semaine en début de matinée et en fin d’après-midi.
La dernière séance de négociations n’a pas permis d’en sortir. Les grévistes réclament une prime variant selon les revendications de 120 euros à 150 euros. La RATP, qui cogère avec la SNCF la partie de ligne passant dans la capitale, a proposé 80 euros. Cette somme serait versée en fonction d’objectifs de régularité du trafic. La direction estime que les syndicats étaient sur le point d’accepter mais qu’ils n’ont pas pu convaincre leur "base". Ces derniers lui reprochent d’avoir durci ses positions. Selon eux, la direction avait mis 100 euros sur la table au début des discussions.
Passe d’armes entre la région et Matignon
A trois mois des régionales, le conflit a pris un tour politique. Jean-Paul Huchon, le président PS de la région Ile-de-France et candidat à sa succession, reproche au gouvernement de jouer le pourrissement pour mettre en cause le Syndicat des transports d’Ile-de-France (Stif) qu’il préside, qui a la responsabilité de l’organisation du trafic. "La RATP reçoit chaque année 4 milliards d’euros du Stif et elle affiche 261 millions de bénéfices, elle a les moyens de négocier", souligne-t-il. L’élu local, qui réclame un dédommagement pour les usagers, va calculer les pénalités que la régie parisienne devrait verser au titre des engagements non respectés.
Par ailleurs, Jean-Paul Huchon a demandé à François Fillon de nommer un médiateur. "Matignon m’a dit qu’ils géraient le conflit eux-mêmes." Le Premier ministre lui a opposé vendredi une fin de non-recevoir, faisant "toute confiance" à la direction "pour renouer les fils du dialogue social et réunir les conditions d’une sortie de crise".
De son côté, Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur et tête de liste UMP aux régionales, a fustigé cette semaine "la passivité de la région", lui reprochant de n’avoir rien fait pour améliorer le service minimum. Le ministre du Travail, Xavier Darcos, a renchéri: "Il y a un très grand décalage entre la situation que nous avons aujourd’hui et les discours assez fanfarons" de Jean-Paul Huchon. Le gouvernement craint que l’octroi de primes ne suscite des revendications dans d’autres entreprises publiques, à la SNCF notamment.
Source . le JDD