Solidarité La grosse caisse des Conti
Une association a réuni 135 000 euros pour soutenir les six employés condamnés par la justice cet automne.
Ils ont lutté au printemps, ils ont gagné en été, ils ont été condamnés par la justice en automne. Cet hiver, ils glanent les fruits de leur toute nouvelle notoriété. Car si le tribunal ne les a pas ratés, militants et particuliers, dans tout le pays, ne les ont pas oubliés. En septembre, six des sept ouvriers de l’usine Continental de Clairoix (Oise), poursuivis pour le saccage de la sous-préfecture de Compiègne en avril, ont été condamnés en première instance à des peines allant de trois à cinq mois de prison avec sursis. Depuis, ils bénéficient d’un soutien massif.
L’association Solidarité Continental a récolté près de 135 000 euros, 55 000 euros au sein de l’usine Continental de Clairoix, qui employait 1 200 salariés et le reste de dons provenant de tout le pays. « On avait calculé que, entre les frais d’avocat et l’amende de 63 000 euros que nous risquons de devoir payer, il nous faudrait une somme allant de 120 000 euros à 150 000 euros. On est arrivé à un palier minimum et c’est déjà très bien, se félicite Xavier Mathieu, leader des Conti, qui risque pour sa part cinq mois de prison avec sursis. Des sections syndicales CGT de toute la France ont participé. Des personnes isolées nous ont envoyé parfois jusqu’à 200 euros. »
Si les Conti sont condamnés, ils n’auront donc rien à payer. « Grâce à cette solidarité ouvrière exemplaire, on peut aller jusqu’en appel et poursuivre le combat sans trop de problèmes », estime Xavier Mathieu. La menace financière écartée, ils vont même porter le combat à un échelon politique. « Nous voulons éviter qu’il y ait une jurisprudence Continental », poursuit Xavier Mathieu. Comme il le rappelle : « Nous sommes condamnés pour l’exemple, alors qu’il y avait près de 200 personnes dans la préfecture ce jour-là. Ce jugement réactive la loi anticasseur qui avait été abrogée en 1981. »
Le résultat de la procédure d’appel sera donné le 13 janvier, à Amiens. Une manifestation est prévue dans la ville, en présence de responsables politiques de toute la gauche.
Medhi Fikri