Travailleurs sans papiers : 7 semaines de grève

Publié le par CGT PHILIPS EGP DREUX

(YG)
Des milliers de travailleurs sans papiers en grève ont manifesté le dimanche 29 novembre à Paris, soutenus par une multitude d'organisations, dont les 5 confédérations syndicales et les 6 associations qui soutiennent leur lutte au jour le jour. « On bosse ici, on vit ici, on reste ici ! Régularisation ! ». C'était le slogan le plus scandé. Il faisait écho, et réplique, à Sarkozy et ses ministres qui aimeraient tellement noyer le poisson, laisser planer la menace d'on ne sait quelle invasion de clandestins en cas de régularisation, qui viendraient souiller l' « identité nationale » et les « valeurs de la République ». Des fadaises à relents électoralistes pour piper aux prochaines régionales les voix de ceux que le chômage et les difficultés aveugleraient, qui croiraient que les travailleurs d'origine immigrée en seraient la cause. Alors que ce sont les patrons qui profitent de la crise et licencient pour faire davantage de profits.

Mais les travailleurs sans papiers sont tout sauf des clandestins. Ils sont connus de leurs patrons, de leurs « proprios », des percepteurs et de la Sécu, des profs de leurs gosses. Ils ne manquent pas de papiers en fait, sauf d'un, ce titre de séjour qui ne ferait que sanctionner qu'ils vivent et travaillent ici depuis des années. Et que c'est leur droit le plus strict de ne pas être perpétuellement à la merci d'un contrôle de police. Leur droit élémentaire d'avoir le statut de tous les autres travailleurs, pour défendre, le plus efficacement possible, leurs conditions de travail et de salaires.

Si leur grève est efficace, c'est précisément parce qu'ils ne prennent pas le travail des autres. Et quand ils s'arrêtent, ce sont leurs patrons qu'ils paralysent.
Dans les cuisines, dans les ateliers, sur les chantiers, autant de travail qui ne se fait pas, de fric qui ne rentre pas, de donneurs d'ordre petits ou grands qui paniquent car leurs pourvoyeurs de l'intérim entre autres n'assurent plus. Ces travailleurs étant acculés par leur situation à mettre les bouchées doubles, question charge de travail, les effets de leur grève n'en sont que plus sensibles. Juste retour des choses car il faut bien que le patronat paye !

Ce patronat est le grand bénéficiaire de plus de 20 ans de lois et circulaires anti-immigrés qui n'ont pas limité le nombre de travailleurs étrangers – ce n'était pas le but -, mais ont fabriqué des dizaines voire des centaines de milliers de « sans papiers », proies faciles pour l'exploitation maximum. Une riche palette de statuts existe, entre celui qui a des feuilles de paye et d'impôts, des quittances de loyer et une carte de sécu, et celui ou celle qui n'a rien du tout et travaille totalement « au noir ». Mais le lot commun, c'est la flexibilité maximum aux exigences patronales... du moins jusqu'à aujourd'hui.

Et ils sont risibles, les ministres Besson et Darcos qui promettent de fermer les entreprises qui emploient des sans-papiers. Fermer Bouygues ? Fermer la RATP et tant d'autres qui via la sous-traitance embauchent des sans-papiers ? Fermer toutes les entreprises ?

Mercredi dernier Besson a adressé aux préfets une circulaire de régularisation « par le travail ». Un texte aussi flou que vide, qui n'ouvre aucun droit nouveau et laisse toute latitude aux caprices des préfectures dans l'évaluation des dossiers. Rien qui permette de sortir enfin de l'arbitraire et du cas par cas. Pire, les quelques indications du texte sont très restrictives : la régularisation serait réservée à ceux qui peuvent présenter les preuves de 5 ans de séjour, aux salariés de quelques métiers dits « en tension », refusée aux Algériens et Tunisiens, et le travail au noir ne serait pas reconnu. L'assemblée des délégués des grévistes ainsi que les 11 organisations qui les soutiennent ont décidé de continuer la grève.

Pour se donner les meilleures chances de vaincre, les travailleurs sans papiers en grève doivent combattre l'isolement – comme tant d'autres. Dans les jours et les semaines qui viennent, ils doivent et peuvent trouver notre soutien à tous. Car la lutte de la catégorie la plus exploitée de la classe ouvrière pour échapper à cette traque qui la livre au patronat, est aussi la lutte de nous tous pour l'amélioration de nos conditions de travail et de salaire.

Convergences Révolutionnaire
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article