Les Nexans ont rendu les clés au patron

Publié le par CGT PHILIPS EGP DREUX

Les prochains mois, des salariés seront affectés au nettoyage de l'usine et au démontage des machines.

La fumée noire qui survolait Chauny depuis trois mois a disparu avec la fin de l'occupation de l'usine Nexans par les 220 salariés licenciés. Jeudi, à midi, le syndicaliste David Quillet a remis les clés du site au directeur Jean Federspiel, non sans avoir quelques palpitations au cœur de quitter une entreprise qui a donné de l'emploi et un statut social à des milliers de Chaunois depuis 1922 et qui était de loin la plus performante dans son secteur d'activité en Europe. La prime de sortie de 65 000 euros obtenus mercredi soir ne réussira pas à masquer un immense gâchis humain.

 

Jeudi matin, la nouvelle se répandait comme une traînée de poudre sur le marché aux légumes de Chauny : « ça y est, c'est fini, après trois mois et demi de conflit. Les Nexans rendent ce midi les clés de l'entreprise au patron, ils réveillonneront chez eux, en famille ». L'information était confirmée par trois salariés licenciés Christian Fiévet, 56 ans, Jean-Louis Delanchy, 41 ans, et Patrick Marat, 44 ans, dont l'épouse Cathy, tient un stand de fleurs.
Christian, qui est arrivé à Chauny en septembre 1984 suite à un dégraissage chez Nexans à Rouen, sait que ce nouveau départ forcé met fin à sa carrière professionnelle. Avec les mesures d'accompagnement promises par Nexans France et obtenues dans le plan de sauvegarde de l'emploi (PSE), il va prendre une retraite anticipée : « je serai là pour ma famille, mes petits-enfants et je continuerai à jouer de la musique au sein des Cocardiers ».

Reclassements délicats

Pour Patrick et Jean-Louis, retrouver un travail sera une « autre paire de manches » comme ils le confessaient sur le marché. Ce ne sont pas les indemnités conventionnelles et la supra légale de 65 000 euros qui les nourrira dans les années à venir. « Nous réfléchissons avec mon épouse pour prendre un magasin plus grand mais il faudra dans ce cas embaucher du personnel. J'avoue que je ne sais pas encore ce que je vais faire » expliquait Patrick. Jean-Louis compte bien retrouver un emploi dans la région : « je vais utiliser toutes les ficelles possibles en interne, avec la cellule de reclassement, et en externe.
Mais dans quelle branche ? Je ne peux pas vous dire pour le moment. Ce que je sais, c'est que je dois payer les traites de ma maison à Bichancourt ».
Jeudi midi, les Nexans avaient déserté le site, David Quillet et son collègue Jean-Pierre Magerand étaient bien les seuls à discuter encore devant la grille : « il fallait que ça se termine. Nous pensons avoir mené un combat digne ».
    

INDEMNITES ET MESURES D'ACCOMPAGNEMENT

Les ultimes négociations avec la direction, mercredi soir dans les locaux de la direction départementale du travail et de l'emploi, se sont poursuivies jusqu'à 22 h 30.
Elles ont débouché sur : une supra-légale de 65 000 euros pour les salariés nés en 1957 et après. Les moins de 30 ans auront la même somme. Les salariés nés en 50, 51, 52 et 53 toucheront 1 500 euros/mois pendant les deux prochaines années et les employés nés en 54, 55 et 56 3 000 euros, en venant nettoyer l'usine. Ceci afin de faire la jonction avec les 12 mois de congés reclassement obtenus et la période de chômage. La mutuelle santé sera prise en charge intégralement pendant deux ans. Nexans France a également prévu un budget formation de 850 000 euros (environ 6 000 euros par personne), l'argent qui ne sera pas dépensé ira dans un fond social pour aider les cas spécifiques : salariés en surendettement par exemple.
Le cabinet de reclassement AKSIS ouvrira à partir du 5 janvier, sur le site, un point information accueil. Les portes de l'usine devraient rouvrir le 4 janvier.
L'aisne nouvelle 

Publié dans Boites en luttes

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