SAINT-QUENTIN La tension monte chez le câbleur électrique Apegelec

Publié le par CGT PHILIPS EGP DREUX

Les salariés d'Apegelec, concernés par un plan de licenciement, attendant leur PDG jeudi après-midi.

Le plan social chez Apegelec était discuté jeudi avec le PDG du groupe venu de Valenciennes. Lequel a été vertement reçu. Entre un tiers et la moitié de l'effectif de l'entreprise de câblage électrique serait supprimé.

Trois semaines d'angoisse, trois semaines d'incertitude et une myriade de questions auxquelles ils attendent toujours des réponses. Jeudi, les salariés d'Apegelec (câblage électrique) entendaient mettre fin à « la valse-hésitation » jouée selon eux par la direction du groupe Hiolle. Basé à Valenciennes, ce dernier est propriétaire depuis 2006 de la PME saint-quentinoise située sur les hauteurs de la ZAC La Vallée.

Le 17 décembre, la direction leur annonçait que la moitié de l'effectif subirait un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE), nouveau terme pour plan social. Soit une compression de 54 salariés sur un effectif de 108 (dont 17 sur le site de Montivilliers en Seine-Maritime).

Jusqu'à jeudi, aucun nom, aucune information sur les postes supprimés. Le PDG du groupe valenciennois Hiolle, Denis Wautier, se savait attendu pour la deuxième réunion sur le PSE. Sûrement pas à ce point.

À l'entrée du site en début d'après-midi, une cinquantaine de salariés, dont certains revêtus de la couleur orange de la CFDT, avait préparé le comité d'accueil. Pétards épais comme un cigare ou fins telle une cigarette mais au son fuyant, fumigènes colorés et surtout une colère prête à exploser : voilà comment ces hommes et ces femmes l'ont reçu.

Devant la porte d'entrée de l'entreprise, ils s'alignent pour former une haie humaine. Une haie du déshonneur. Malgré l'accueil hostile, Denis Wautier s'approche pour serrer des mains. On entend des « bravo », puis des applaudissements. Tous ironiques, bien sûr. Noël Douce, qui n'est pas salarié d'Apegelec mais secrétaire de la CFDT métallurgie, est peut-être le plus virulent, haranguant le PDG d'un « et vous mettez 54 personnes dehors. »PDG qui demeure impassible. Et pénètre dans l'usine.

Plus 54 mais 40 licenciements

Christian Boiffier, secrétaire CFDT du comité d'entreprise, prend alors la parole. « Nous avons rencontré ce matin l'expert que nous avons mandaté. Nous allons proposer à la direction de limiter les licenciements par des formations ou des reclassements. » Il est temps pour lui de quitter ses collègues et de se rendre à la réunion non sans annoncer que l'entreprise a terminé 2009 avec un déficit de 1,6 million d'euros et que le plan social se chiffre à 1,4 M d'euros.

En attendant à l'extérieur dans le froid, des ouvriers songent tout haut à l'avenir. Et évoquent d'éventuelles actions plus virulentes, plus marquantes.

Plus de deux heures plus tard, les membres du CE sortent de la discussion avec le PDG. « Nous n'avons pas obtenu les réponses que nous attendions », expose Christian Boiffier. Une nouvelle réunion de travail se tiendra par conséquent mardi matin avec la direction. Seule relative bonne nouvelle, le plan social ne concernerait plus 54 mais 40 salariés.

CYRIL RAINEAU Source courrier-picard.fr du 8 janvier 2010

SAINT-QUENTIN Cette fois, ça chauffe à Apegelec

Les palettes brûlent à Apegelec. Les licenciés réclament 20 000 €.

Confrontés à des licenciements, les salariés du câbleur Apegelec ont été démonstratifs dans leur colère jeudi. Une première qui s'explique : « On en a assez d'être menés en bateau. »

Ils ont jusqu'à présent été lisses, patients. Timorés même, lorsque leur PDG s'est présenté devant eux le 7 janvier. Aujourd'hui, la mansuétude est une notion passée pour les salariés d'Apegelec soumis à un plan social. Jeudi, tous ont décidé à 10 heures d'arrêter le boulot. Et d'entamer « un rapport de force » selon l'expression de Christian Boiffier, secrétaire CFDT du comité d'entreprise.

Jeudi matin, les palettes en bois s'empilaient devant l'usine de la ZAC La Vallée, autant de réserve pour nourrir le feu de la colère. Le plan de sauvegarde de l'emploi (autrefois appelé plan social) concernait initialement 54 salariés sur 108 (dont 17 sur le site de Montivilliers en Seine-Maritime).

Le 7 janvier, le PDG du groupe valenciennois Hiolle dont dépend Apegelec, se déplace à Saint-Quentin pour une réunion. Et annonce que la compression de postes concernerait finalement non plus 54 mais 39 salariés. Dont 10 sur le site normand. Une maigre consolation. Et aujourd'hui, l'exaspération enfle sur le thème : « On se fout de nous ».

24 personnes devraient perdre leur emploi

Car s'il y a bien 15 propositions de reclassement au sein du groupe, vraisemblablement à Valenciennes, pour les autres, c'est l'abattement. Calculs rapidement faits, 24 personnes devraient effectivement perdre leur emploi. « Cinq d'entre elles, qui sont âgées entre 54 et 56 ans, sont sans solution, constate amèrement Christian Boiffier. Il n'existe aucune mesure d'accompagnement pour elles, les pouvoirs publics et la direction se renvoient la balle à leur sujet. »

Pour les autres, l'exaspération naît des indemnités supra-légales : Les 19 employés licenciés réclament 20 000 €, la direction de Hiolle leur propose « zéro », dit Christian Boiffier en mimant ce chiffre avec les doigts.
« C'est vrai que nous, Apegelec, nous sommes déficitaires, mais le groupe lui, fait des bénéfices », remarque Jérôme, un salarié qui n'est pas concerné par le plan de licenciement mais qui, comme tous ses collègues, a suivi la grève jeudi par solidarité. « Il faut se battre ; que nous réserve l'avenir, est ce que ce sera à notre tour plus tard ? »,s'interroge-t-il. « On a été mené en bateau, embraye un autre. Nous avons été trop gentils. »
« On veut me faire balayer ! »

A leurs côtés, non loin des palettes qui brûlent, Geneviève, dix ans d'Apegelec, en intérim puis en CDI : « Moi, je fais partie des licenciés. J'attends ma lettre le 12 février. Je ne gagne que 1 050 € par mois, je vais partir avec quoi en indemnité, avec un mois de mon salaire brut ? » Sous-entendu, une somme minable.

« Les indemnités légales, pour des personnes qui comptent autour de huit ans d'ancienneté, ce ne sera qu'un mois de salaire, soit 1200, 1 300 € », calcule Christian Boiffier.

Un homme s'avance, rejoint un petit groupe et... se lâche : « On me propose un mi-temps, en faisant mon métier de soudeur et aussi celui d'agent d'entretien lorsque celui-ci devra être remplacé. Vous vous rendez compte : j'ai 52 ans, 25 dans la boîte, et on veut me faire balayer ! ». Et là, résonnent dans nos oreilles les paroles entendues quelques minutes plus tôt : « Il faut se battre pour obtenir quelque chose : pour ceux qui partent et pour l'avenir de ceux qui restent. »
blog cyril Lazaro 

Publié dans Boites en luttes

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