Poutine demande une rallonge à Renault

Publié le par CGT PHILIPS EGP DREUX


Poutine demande à Renault de mettre la main à la poche pour sauver Avtovaz

 Le Premier ministre russe Vladimir Poutine a mis vendredi au pied du mur le constructeur français Renault, propriétaire de 25% du groupe russe en difficultés Avtovaz, exigeant qu'il participe à son sauvetage, sans quoi il pourrait voir sa part réduite.

Examinant lors d'un conseil des ministres le sort de la maison mère de la célèbre marque Lada, mise à genoux par la crise économique, M. Poutine a rappelé que le gouvernement lui avait octroyé fin mars un prêt de 25 milliards de roubles (570 millions d'euros), sans que la part de Renault ne soit diluée.

Désormais, "soit (Renault et Nissan) participent à l'avenir au financement de l'entreprise, soit nous allons devoir nous mettre d'accord sur la hauteur de leur part", a-t-il déclaré, cité par les agences russes.

Le vice-Premier ministre russe Igor Chouvalov a, lors de cette réunion gouvernementale, indiqué qu'une rencontre aurait lieu lundi avec Renault et Nissan "pour examiner leurs projets concernant Avtovaz", selon l'agence Interfax.

Contacté par l'AFP, Renault s'est abstenu de tout commentaire. Le groupe avait acquis 25% du capital d'Avtovaz plus une action pour une somme de 1 milliard de dollars en février 2008, dans l'intention affichée de conquérir le marché russe, réputé à l'époque le plus appétissant d'Europe.

Mais depuis, le secteur a été durement ébranlé par la crise économique, avec une chute vertigineuse des ventes de voitures à travers le pays. Et Avtovaz, qui était déjà dans une position inconfortable en raison de ses usines vétustes et de ses véhicules réputés de mauvaise qualité, n'a pas fait exception.

Selon des chiffres publiés en juillet, sa dette a atteint 53 milliards de roubles (environ 1,2 milliard d'euros).

Dans ce contexte, le groupe a annoncé le 24 septembre qu'il s'apprêtait à sacrifier 27.600 emplois sur un total de 102.000.

Pour Evgueni Chago, analyste chez Ingosstrakh Investments, l'investissement de Renault "s'est avéré ne pas être le meilleur" que le groupe ait pu faire.

Chris Weafer, analyste chez la banque d'investissement moscovite Uralsib, estime de son côté que les déclarations de M. Poutine annoncent une restructuration du secteur automobile et que Renault va de fait devoir prendre une décision.

"Le catalyseur a été le récent accord" de rachat d'Opel par le canadien Magna et la banque russe Sberbank, a-t-il expliqué.

Le 10 septembre, le constructeur américain General Motors a annoncé, après des mois d'âpres négociations, avoir choisi le consortium russo-canadien composé de Magna et de Sberbank pour reprendre 55% d'Opel et de sa marque jumelle britannique Vauxhall.

"Je pense que nous allons voir l'entrée de plusieurs entreprises automobiles dans un nouveau groupe contrôlé par l'Etat, qui prendra finalement le contrôle de la part d'Opel" détenue par Sberbank, a poursuivi l'analyste.

"Par conséquent, le gouvernement doit +faire le ménage+ dans ses relations. (...) Cela signifie que Renault devra soit participer à la restructuration, ce qui se terminera par une position plus modeste, soit sortir du capital" d'Avtovaz, a-t-il conclu.

Les experts notent en outre que l'interpellation de Renault par M. Poutine contraste avec l'offensive de charme qu'ils avaient cru déceler ces dernières semaines à l'intention des investisseurs étrangers.

Le Premier ministre lui-même avait assuré mardi que l'Etat s'apprêtait à desserrer son emprise sur l'économie du pays, en mettant en oeuvre un processus de privatisation
De Eléonore DERMY (AFP)
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