Guadeloupe: 24 ET 25 NOVEMBRE : GREVE GENERALE! (1ère partie)

Publié le par CGT PHILIPS EGP DREUX

Dès le jeudi 5 novembre, Chien Créole était le premier à écrire que le mouvement pourrait reprendre aux alentours du 24 novembre (lire http://chien-creole2.blogspot.com/2009/11/une-date-pour-leventuelle-reprise-du.html).

 

Statue d'Ignace, héros de 1802, qui s'est battu contre le rétablissement de l'esclavage (lire l'excellent roman historique "l'archet du colonel" de Raphaël Confiant si cette histoire vous intéresse) (photo FG)

 

Et bien, ça y est, c’est officiel. Le LKP appelle à deux journées d’action, le mardi 24 et le mercredi 25 novembre 2009. Il s’agit officiellement d’un coup de semonce mais on ne peut guère douter que si ce coup d’essai s’avère concluant, la grève sera reconduite jeudi. Les revendications sont les mêmes depuis mars 2009 : respect de l’accord Bino tel qu’il a été signé le 28 février, et respect des engagements de l’Etat pris dans le protocole du 4 mars. C’est donc la dernière ligne droite, puisque pour l’essentiel, les négociations ont déjà abouti, la gravité des dysfonctionnements à l’origine du mouvement est une réalité que même Sarkozy n’a pas pu nier (relire http://chien-creole2.blogspot.com/2009/11/analyse-du-discours-de-sarkozy-1ere.html), la grande majorité des solutions a déjà été trouvée avec des engagements précis mais non-respectés par le gouvernement, dès lors que la grève générale a été levée et que le dialogue social avait été préféré au rapport de force de la grève générale. Il ne s’agit donc d’aucune façon de repartir à zéro mais bien de la dernière ligne droite pour faire respecter ce qui a été arraché de haute lutte et au prix d’importants sacrifices. Qui pourrait comprendre que la Guadeloupe ait été un phare pour les travailleurs de métropole et du monde (rappelons-nous de l’intérêt des médias nationaux et internationaux, des messages de solidarités qui pleuvaient du monde entier, etc.), qu’elle ait obligé Etat et patronat à céder constituant une victoire sociale historique qui a fait la preuve de l’efficacité de la méthode "grève générale" pour finalement baisser son pantalon, se contenter de promesses et d’engagements non tenus ?

 

 

La grande peur économique

 

Le pouvoir politique et économique a bien compris que contre l’unité et la détermination populaire, il ne peut rien. C’est donc cette unité qu’il faut casser, et pour cela rien de tel que la peur. La première des peurs, distillée savamment, insidieusement depuis le mois de mars, c’est celle concernant la situation économique. Un nouveau mouvement entend on dire ici et là porterait un coup fatal à l’économie qui ne s’en remettrait pas. Il faudrait être raisonnable et courber l’échine, rentrer sagement dans le rang et se satisfaire de son sort. Prenons, si vous voulez bien, le problème depuis un autre angle. Quelles conséquences aurait sur l’économie le triomphe des puissants et le statuquo de la situation actuelle ? Prenons l’accord Bino. Dès 2010, les employés dont les patrons n’ont pas signé l’accord Bino vont perdre 50 euros sur les 200 qu’ils avaient gagnés. Ces 50 euros sont pour l’instant apportés par la région et le département. Les patrons signataires prendront donc à leur charge ces 50 euros en 2010, les non-signataires, eux, ne sont pas astreint à la clause de convertibilité tel que l’accord d’extension le prévoie et ne seront donc pas tenus de verser cette somme. Pire, en 2012, c’est demain, les employés qui continuaient à toucher tout de même 150 euros, entre RSTA et augmentation patronale, les perdront définitivement alors que les employés assujettis à la première version de l’accord Bino eux toucheront toujours les 200 euros, exclusivement de leurs patrons désormais, comme il était prévu initialement.


L’autre scénario catastrophe

 

On imagine les conséquences de pareille disparité : les patrons signataires vont se retrouver face à une concurrence parfaitement déloyale puisque tenus de payer leurs employés, déjà 50 puis 200 euros de plus, ils ne pourront pas tenir face à ceux qui en sont exempts avec les dépôts de bilan à la pelle que cela sous-entend et les licenciements qui vont avec.

 

"Nos 200 €" (photo FG)

 

Eric Taupe, représentant de l’Union des Moyennes et Petites Entreprises de Guadeloupe, organisation signataire de l’accord Bino, m’avouait récemment que dans ce cas, il est évident qu’ils ne pourraient matériellement pas honorer l’accord et qu’ils devraient alors le dénoncer. Pourtant, ils veulent tenir leurs engagements vis-à-vis des salariés guadeloupéens, comme l’a encore démontré l’appel qu’ils ont signé avec les organisations syndicales du LKP, pour demander à l’Etat d’assumer ses engagements et ses responsabilités. Quand les dizaines de milliers de bénéficiaires de l’accord Bino se retrouveront, par disposition légale ou par la conséquence économique de cette concurrence déloyale, dans une position similaire à celle d’avant janvier 2009, voire pire, sans emploi, que se passera-t-il ? L’économie pourra-t-elle se redresser ? L’explosion sociale qui a toutes les chances de s’ensuivre sera-t-elle aussi gentille et intelligente que celle du LKP que le pouvoir entend désavouer ?

 

A suivre… (Lire la 2ème partie ici)

FRédéric Gircour (chien.creole@gmail.com) 

publié par roland (Dazibaouebmaster) Hier 09H40
Par FRédéric Gircour - Chien Créole 
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